GERPINNES- Le premier peloton féminin à la Sainte Rolende
La météo a été magnifique, en ce Lundi de Pentecôte. Le public s'est déplacé en nombre à Gerpinnes et dans ses villages pour la Sainte-Rolende, même si la Saint-Roch à Thuin jouait un peu la concurrence...
« Je n'ai jamais vu autant de monde sur la place des Combattants (Gerpinnes Centre), même un dimanche soir ! La Sainte-Rolende est vraiment un événement qui rassemble parce que les gens sont à la recherche d'une certaine ferveur, et ne sont pas là que pour boire un verre ou s'amuser » explique Julien Herman, échevin du Folklore. A noter que les compagnies grossissent, comme celles des Flaches ou encore d'Hanzinne qui montent aujourd'hui à 400 marcheurs. Certaines doivent même refuser du monde !
Malgré une pluie abondante tombée sur les Flaches, dimanche, la Sainte Rolende a bénéficié d'un soleil généreux. Lundi, les pèlerins courageux assistaient à la messe, à 3 heures du matin, comme le veut la tradition, avant un parcours de 27km à travers les villages et les campagnes environnants.
« L'église Saint-Michel était bien remplie. Je suis frappé aussi par le nombre de jeunes qui assistaient à l'office » poursuit Julien Herman.
3800 marcheurs, un record !
Cette édition était particulière pour les marcheurs gerpinnois, car elle marquait le 1250ème anniversaire de l'entrée au ciel de la Sainte. 3800 marcheurs y étaient présents (un nombre en constante évolution), pour escorter les reliques de sainte Rolende. Les différents marcheurs, portant un costume du Premier ou Second Empire en fonction de leur grade, occupaient une place précise dans le cortège : cavalier, sergent-sapeur, sapeur, tambour-major, batterie, officier,... Certains étaient armés d’un fusil ou d’un tromblon. Parmi les temps forts du Lundi de Pentecôte : la rencontre des châsses de Sainte-Rolende et de Saint-Oger à Hanzinne, la parade de Gougnies, le défilé des Compagnies des Flaches, Joncret et Acoz au château, l'arrivée de la châsse à Sartia, la rentrée solennelle de la procession,...
prévoir pour la location
1 fois tous les 7 ans, le week-end de la Pentecôte voit se dérouler la Sainte-Rolende à Gerpinnes et la Saint-Roch à Thuin. C'était le cas cette année. Les batteries (celle d'Acoz en particulier) sont très sollicitées lors des deux événements. Si ce rapprochement des dates ne pose pas trop de problèmes pour le public, il n'en est pas toujours de même pour les marcheurs, surtout pour la location de costumes ou de matériel.
« Je prévois le coup. J'ai toujours un fusil de réserve à la maison, au cas où je ne pourrais pas en louer un à cause de trop nombreuses demandes » signale Maxence Ceulemans, grenadier du 1er Empire. Son père, Alain, un habitant de Mont-sur-Marchienne, est lui-même partagé entre les deux marches : « Mon papa a été marcheur pendant 50 ans à la Saint-Roch et mes deux fils (Baudry également) marchent à la Sainte-Rolende. Je me rends aux deux marches quand elles ont lieu à des week-ends différents. L'année prochaine, ce sera possible ».
JEAN-CLAUDE HERIN
La famille d'Estelle Rousselle : de gauche à droite Pascale (maman),Jean-Luc(papa), Estelle, Kevin(mari), Lucie et Jade (filles)
Adèle Cornet à droite de la photo. photo JCH
Le week-end dernier, 36 femmes en tenue militaire défilaient au sein du cortège. Une grande première !
Féministe avant l'heure, Sainte-Rolende aurait certainement apprécié de voir le 1er peloton 100% féminin à Gougnies. Une localité qui, lors des éditions précédentes, ne comptait aucune femme, pas même une cantinière ! Enchaîner les manoeuvres, adopter le bon rythme de marche, s'entraîner à la remise de drapeaux,... Rien n'était laissé au hasard lors des ultimes répétitions, dimanche après-midi. Lundi, elles marchaient avec veste grenadier du 1er Empire, giberne, sabre briquet, calot, jupes galonnées et gants blancs. Le groupe se constitue de 36 femmes, âgées de 3 à 57 ans. Adèle Cornet en est la 1ère officière.
Charlotte Charlier et Estelle Rousselle sont sergentes. Native de Gougnies, cette dernière a fait partie de « Femmes en marche ». « Dans ce collectif, nous avons milité contre la discrimination qui nous empêchait d'intégrer les rangs de plusieurs compagnies. Nous avons mené des actions concrètes pour nous faire entendre, et nous sommes heureuses de voir que nos revendications ont porté leurs fruits» signale-t-elle. « La formation de notre peloton a suscité bien des réactions, parfois très hostiles, auprès des plus conservateurs. Mais aujourd'hui, dans l'ensemble, tout se passe bien. La plupart des hommes sont d'ailleurs charmants avec nous ».
Après la Seconde Guerre mondiale, le grand-père d'Estelle Rousselle a relancé la Marche Royale Sainte Rolende à Gougnies, où il a pris la place de sergent sapeur. Aujourd'hui, la famille d'Estelle est très impliquée dans la Marche : Pascale, sa maman a été porte-chapeau, Jean-Luc, son papa, est grenadier du 1er Empire, Kevin, son mari, est sergent. « Mes deux filles Lucie (9 ans) et Jade (6 ans) marchent également. C'est aussi pour elles que je me suis battue.»
JEAN-CLAUDE HERIN