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BOIS DU CAZIER: La réhabilitation du site: une véritable saga !!!

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Colette Ista, vice-présidente, Jean-Louis Delaet, directeur et Alain Forti, Conservateur : photo J.C.Hérin

               La volonté de Jean-Louis Delaet, directeur : en faire un « site de conscience »

Reconnu depuis 2012 comme site minier majeur de Wallonie par le Patrimoine mondial de l'Unesco, le Bois du Cazier célèbre, cette année, les 20 ans de sa réhabilitation complète, à la suite d'un long combat.

2022 marquera aussi le bicentenaire de la concession houillère octroyée à Eulalie Desmanet de Virelles et l'inauguration au cimetière de Marcinelle d'une nouvelle pelouse d’honneur dédiée aux mineurs disparus lors de la terrible catastrophe du 8 août 1956. Ce jour-là, 262 travailleurs y trouvaient la mort. 

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Le site réhabilité 

Un stand de tir à la place de la salle des pendus, des bains-douches rasés, des murs rongés par l'humidité, plus de châssis ni de toitures, la végétation dominant le site,... A l'époque, jeune archiviste de la Ville de Charleroi et cheville ouvrière de l’Asbl « Archéologie Industrielle de la Sambre » présidée par Jean-Claude Van Cauwenberghe, alors bourgmestre, Jean-Louis Delaet ne peut que constater l'étendue des dégâts lorsqu'il découvre l'état délabré du Cazier dans les années 80.

«  Tels des rapaces, les anciens patrons ont laissé dilapider et mourir le site ». Il faut attendre 1986, -soit 30 ans après la catastrophe!-, pour voir une réelle mobilisation en faveur du sauvetage du Cazier. Un mouvement d'opinion voit le jour, unissant des familles des victimes, des anciens mineurs, les ex-minatori (lesquels ont recueilli près de 15 000 signatures lors d’une pétition), des membres de la Mission catholique italienne de Marchienne-au-Pont, des élus comme Lucien Cariat et Yves De Wasseige, des citoyens,... Signalons aussi les campagnes de sensibilisation de l’Asbl « Espace Environnement ».

Deux axes pour la réhabilitation

Les choses s'accélèrent alors : une initiative privée érige une stèle à l'entrée du site en 1989. En 1990, le site est classé par la Région wallonne comme monument.

En 1994, Jean-Claude Van Cauwenberghe défend l’inscription du projet « Bois du Cazier » dans le cadre des Fonds structurels européens autour de deux axes : Sites d’activité économique désaffectés (SAED) et Tourisme. C'est chose faite dans les années qui suivent et Igretec se voit confier la maîtrise d’ouvrage de la réhabilitation par la Région wallonne. Des fonds sont débloqués et les travaux commencent début 2000. Le site revit grâce aux 25 millions d'euros investis par la Région wallonne, l'Objectif 1 et son Phasing out.

L'ASBL « Archéologie Industrielle de la Sambre » devient le Bois du Cazier. Jean-Louis Delaet prend la direction du site et assure le transfert des pièces du Musée de l'Industrie (actuel Rockerill) vers Marcinelle. On récupère aussi du matériel minier aux anciens charbonnages du Pétria à Fontaine-l’Evêque et Saint-Elisabeth à Tamines.

Re-contextualiser la catastrophe

En presque 20 ans à la barre du Cazier, le bilan est positif. « Contrairement à des initiatives parfois un peu sensationnalistes - que je qualifierais de voyeurisme -, le Bois du Cazier a tenu à garder une vision positive du passé industriel wallon malgré l’empreinte de cette maudite tragédie que nous (re)contextualisons dans l’Europe de l’après-guerre.

Soutenu par le conseil d’administration et toute l’équipe, mon objectif a été de faire aussi du Cazier un site de conscience en mettant l'accent sur une citoyenneté active sur des sujets comme la sécurité au travail et les migrations » tient à souligner Jean-Louis Delaet. « Ce succès, nous le devons aussi à la communauté italienne de Belgique qui a été un soutien très présent depuis le début ».

Rapidement, le Bois du Cazier a multiplié ses activités pour devenir un des sites culturels et touristiques les plus actifs de Wallonie. Les travailleurs au sein du Cazier sont passés de 10 à 30, et le nombre de visiteurs a quadruplé, pour atteindre le nombre de 60 000 en 2019. Le confinement a renforcé encore l'attractivité du site pour le public familial.

JEAN- CLAUDE HERIN

«  Tutti cadaveri »

Bois du Cazier 2.jpgPar une chaude matinée d'été, 275 hommes descendent, comme ils en ont l'habitude, dans les profondeurs du sous-sol. Nous sommes le 8 août 1956. Ce qui devait être une journée ordinaire de travail se transforme en tragédie : à 8h10 du matin, un ouvrier, à moins 975 mètres, encage, suite à un malentendu avec la surface, un chariot destiné à expulser un vide de l’autre côté. Comble de malchance : le wagonnet ne sort pas complètement, bloqué par un arrêtoir défectueux. Lors du démarrage de la cage, l’un des deux wagonnets accroche une poutrelle. Transformée en véritable bélier, celle-ci endommage gravement une canalisation d’huile, détériore deux câbles électriques à haute tension et provoque la rupture d’une conduite d’air comprimé.

Le feu gagne rapidement la mine, et prend l'allure d'une catastrophe. A 19h, le bilan est de 13 rescapés, 7 morts et 255 disparus. La presse écrite, la radio, la télévision naissante relatent, pendant quinze jours, les jours d’angoisse, les opérations de sauvetage, et lancent des opérations de solidarité. Les épouses, les mères et les enfants s’accrochent désespérément aux grilles du charbonnage. Le 23 août, le verdict des sauveteurs, ayant enfin réussi à prendre pied à 1035 mètres, est sans appel : « Tutti cadaveri »

Un héritage de Jean-Baptiste de Cazier

Les origines du charbonnage remontent au 30 septembre 1822, lorsque la concession houillère fut accordée par un arrêté royal de Guillaume 1er, roi des Pays-Bas dont la Belgique faisait alors partie, à une certaine Eulalie Desmanet de Virelles.

Ladite Eulalie avait hérité du baron Jean-Baptiste de Cazier, entre autres choses, de deux bois, nommés respectivement « Bonbois et Hublinbut », situés sur la commune de Marcinelle, ainsi que la houille que leur sous-sol pouvait contenir. Mais ce n'est qu'en 1899 que le charbonnage devient, après le rachat par la Société d’Amercoeur de Jumet, une exploitation des plus modernes de l’époque.

Des corps bien préservés

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Michele Cicora 

A la demande de Michele Cicora rejoint par d’autres familles, le DVI de la Police fédérale a procédé durant 4 jours, en octobre dernier, à l'exhumation des corps des victimes restées inconnues au cimetière de Marcinelle. Ils ont l'espoir de pouvoir les identifier grâce aux prises d’ADN, technique qui n’existait pas en 1956. La démarche de Michele est de rapatrier la dépouille de son papa à San Guiliano di Puglia, son village d'origine. «  Tous les corps, placés dans des coffres en zinc à l'intérieur des cercueils, ont été bien conservés. Cela lève quelques suspicions malsaines sur le fait qu'il y aurait eu des cailloux, des pierres, ou des restes d'animaux » souligne Colette Ista, directrice-adjointe du Cazier.

Il s'agira par la suite, lors d'examens post mortem, de comparer ossements et dents aux prélèvements d'ADN réalisés sur les proches, et ensuite de les recouper avec les descriptions obtenues des familles à l'époque, ou les informations conservées dans les archives. Une nouvelle pelouse d’honneur dédiée aux mineurs - ils sont 70 inhumés au cimetière - sera inaugurée lors de la 66e commémoration de la tragédie, le 8 août 2022.

J.C.HERIN

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