Coupe du Roi en 1952
"El mèdcén maugré li"
Tout au long de son Histoire, Couillet a bâti sa réputation et sa prospérité sur la diversité de ses activités industrielles, sans oublier ses activités associatives et culturelles. En témoigne le Cercle Wallon de Couillet qui fêtera dans deux ans ses 120 ans !
Félix Baijot, un des deux fondateurs du Cercle Wallon de Couillet
Depuis longtemps, Couillet est une commune qui vibre au rythme de ses nombreuses activités récréatives : parcs en fête, plaines de jeux communales des Fiestaux, ducasses dans ses différents quartiers, chorales, horticulture,...Il existe même une institution plus que séculaire à Couillet, c'est le Cèrke Walon di Couyèt ! De nombreux concours ont donné leurs lettres de noblesse au Cercle et ont contribué à l'enrichir, comme en 1922 : le Premier Prix du Perron Liégeois, en 1932 : la Coupe du Roi (premier détenteur), en 1950 : le Grand Prix du Hainaut Paul Pastur, en 1952 : Coupe du Roi,...
La première assemblée du Cercle wallon s'est tenue le 24 novembre 1903. Voici la conversation que surprirent les marronniers de la Place du Centre : « Vouss Frèd, nos f'rons in cerke walon ? In cerke wallon ? Oyi. In cerke walon, i gn'a longtimps assèz qu'on d'è pâle avoû lès camarades... » Les deux compères qui venaient d'échanger ces quelques mots étaient Félix Baijot et Alfred Stranart.
Tintin plein air en 1930
premier spectacle en 1904 !
Dès les débuts, les membres, au nombre de 15, ont élaboré le règlement et ont chanté la devise : « Bé-Fé- Lèyî Dîre » qu'ils pratiquent toujours. La présidence a été offerte au regretté Félix Baijot qui a veillé longtemps et paternellement aux destinées du Cercle (1903-1952). Le 10 septembre 1904, le Cercle Wallon présentait son premier spectacle : « El Secret da Bublutte » et « Les Tracas da Colas ». Deux piliers actuels du Cercle : Pierre Jandrain, président depuis 2004, et Ghislain Abé, comédien depuis 1978 et metteur en scène de 1982 à 2015, se réjouissent: «Cela fait 118 ans déjà que le Cercle wallon de Couillet existe ! Peu de troupes peuvent se targuer d'une telle longévité ! ».
Babette et Catherine Jandrain ont joué en wallon !
Toujours très actif, le Cèrke walon di Couyet présentera bientôt sa revue en 3 parties : « Djoute, pèkèt èt dès rawètes à Couillet », dans une mise en scène de Philippe Decraux, René Mairy et Pascal Héringer. Rires garantis ! Le titre rappelle bien sûr l'émission estivale de la RTBF présentée par Fanny Jandrain. Rappelons que chez les Jandrain, le théâtre dialectal est plutôt une affaire de famille... Babette, actuelle échevine carolo, ainsi que Catherine, comédienne, les deux autres filles de Pierre et de Jocelyne Joachim (également comédienne), ont joué dans des pièces en wallon ! Elles apparaissaient d'ailleurs toutes deux en photo dans le programme du centième anniversaire...
Info pratique : La revue : « Djoute, pékèt et des rawètes » est à voir les 6, 12 et 13 novembre à 19h30 et les 7 et 14 novembre à 16h au Centre Culturel. L'entrée est gratuite, mais il faut réserver avant le 29 octobre au 0495/52 98 74, vu la capacité de la salle limitée à 200 personnes.
JEAN-CLAUDE HERIN
Le clocher de l'église Saint-Laurent, cher à Jacques Bertrand
L'église Saint-Laurent
« Su l'bor dè Samp', et pierdu dins l'fumèye, vwèyez Couyet avou s'clotchi crawyeû » Par ces deux vers de « Lolotte », Jacques Bertrand (1817-1884) évoquait Couillet sous ses trois aspects caractéristiques : sa géographie, ses industries et ses monuments.
Le clocher dont le célèbre chansonnier carolo parle, c'est celui de l'église Saint- Laurent, témoin multicentenaire de la vie de Couillet. L'église a été bâtie sur les restes de murs carolingiens, prouvant l'existence, à cet endroit, d'une construction en dur, antérieure au 10ème siècle, qui pourrait avoir été un sanctuaire de l'époque de l'apparition du christianisme dans nos régions. C'est au début du 16ème siècle que l'agrandissement de la chapelle a été décidé, puis réalisé par l'exhaussement de la nef, le remplacement des murs latéraux par des piliers, la construction de deux nefs latérales, et d'un nouveau choeur.
Après avoir été victime du temps et des dégâts miniers en 1936, l'église a été complètement restaurée entre 1947 et 1950. Situé à la Place Communale, l'édifice accueille, depuis 2004, un événement musical : le festival des « Printemps de Saint-Laurent ».
L'intérieur de l'église avant la rénovation
Couillet vient de « Culiacum »
L'origine du nom de Couillet a donné lieu à maintes controverses. D'après certains auteurs, le lieu aurait été inscrit nommément dans l'acte de la donation faite en 840, par Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, à son fidèle « leude » ( membre de la haute aristocratie) Ekkart. D'autres ont affirmé que cet endroit a été renseigné, encore en 840, sous la désignation de « Culiacum ad Sabim », dans une charte en faveur du Chapitre de Nivelles, parmi les paroisses devant désormais la cotisation et les mailles au monastère de Lobbes. En 966, le nom de Culiacum apparaît enfin. Les historiens affirment que les noms de lieux terminés par le suffixe «acum » indiquent que ces lieux étaient primitivement les domaines de personnages désignés par la première partie des noms.
Culiacum signifierait « Domaine de Culius ». Couillet aurait été donc, après la conquête romaine, un bien-villa, ferme,... appartenant à Culius, personnalité de haut rang. Notons qu'à la Révolution Française, Couillet répondait au doux nom de « Violette-sur-Sambre ».
L'industrie du fer s'est vite développée
De multiples secteurs industriels ont fait le rayonnement de la commune. Très tôt, les premiers habitants de Couillet ont tiré profit des nombreux affleurements de grès ferrugineux pour leurs constructions.
Selon plusieurs auteurs et historiens réputés de l'industrie du fer, celle-ci se serait installée sur le Ry de Couillet. En 1864, la Société de Marcinelle et de Couillet comptait 6 hauts-fourneaux, fonderie, laminoir, ateliers, fours à coke,... sur 20 hectares 60. En 1865, la société absorbait la Société de Châtelineau, fondée par John Cockerill. En 1980, l'entreprise sidérurgique Hainaut-Sambre a repris Thy Marcinelle et Providence, avant d'être fusionnée avec l'entreprise liégeoise Cockerill Providence en 1981, pour former Cockerill Sambre.
La chimie est aussi à l'avant-plan : Ernest et Alfred Solvay ont fondé la Société Solvay et Cie, en 1863, pour la fabrication de la soude par le procédé à l'ammoniaque, mis au point en laboratoire. En maints endroits de la commune, des veines de charbon ou de terre-houille ont été exploitées.
Un Comité pour le charbonnage du Pêchon
Le Comité de Sauvegarde du Pêchon
Mis en creusement, en 1910, à la limite entre Couillet et Marcinelle, le puits du Pêchon dépendait initialement des charbonnages de Marcinelle-Nord. En 1931, il est devenu la propriété des charbonnages de Monceau-Fontaine, société minière la plus importante du bassin de Charleroi. La profondeur maximale a été de 1200 mètres. Le grisou y a causé la mort de 10 mineurs en 1952 et de 6 mineurs en 1972. Aujourd'hui, un Comité s'est constitué pour sa sauvegarde.
Le verre est aussi un secteur qui a marqué la Cité. En 1828, Frédéric de Dorlodot a construit une verrerie dans l'angle Ouest de l'embouchure du ruisseau de Couillet et de la Sambre. Les Couilletois, avant 1900, se souviennent peut-être du château de la Verrerie »...
D'autres industries se sont aussi développées comme la Brasserie Parent, la construction de locomotives par les ateliers de la S.A. Hainaut-Sambre, la chaudronnerie, la cimenterie,... qui ont fait les beaux jours de Couillet.
Eugène Van Walleghem : 43 ans de mayorat
Le premier bourgmestre avant l'indépendance de la Belgique a été Paul Des Champs, et après l'Indépendance : Frédéric de Dorlodot, de 1830 à 1848. Parmi la liste des bourgmestres qui se sont succédé, citons Eugène Van Walleghem. Ce dernier a été métallurgiste et dirigeant syndical, élu conseiller communal socialiste en 1921, bourgmestre de Couillet, du 20 août 1921 au 31 mai 1964, député de Charleroi, de 1919 à 1949, ensuite désigné secrétaire de la Chambre, de 1936 à 1949. Il a été l’un des délégués de Charleroi à l’Assemblée wallonne de 1921 à 1923. Dans la lignée de Jules Destrée, Van Walleghem figure parmi les signataires du Compromis des Belges (16 mars 1929). Défenseur de la langue française, il n’hésite pas à prononcer ses discours en wallon à la Chambre. Le dernier bourgmestre en date est Georges Lambermont, de 1965 à 1976.
J.C.HERIN