Et si l'Homme était devenu en quelque sorte "esclave" de lui-même? Carolo d'origine, le photographe Michaël Bakouch illustre les fractures sociales dans son exposition. Rencontre.
- Sur une des photos de votre expo, un SDF passe en dessous d'une affiche géante de Brad Pitt... Qu'est-ce que vous avez voulu montrer?
- Michaël Bakouch: Cet acteur américain est une icône bien vivante, représentant la richesse et la gloire. Mais pour 1 personne qui a réussi dans la vie, combien restent sur le carreau? Comment expliquer ce rapport dominant/dominé? J'essaie de sortir de ma vision de confort pour aborder cette réalité-là. Mon idée aujourd'hui est que le "peuple" humain est devenu esclave de lui-même, et s'est emprisonné dans ce monde par ses choix personnels.
- Cette passion pour la photo est-elle assez récente?
- M.B: Elle a vraiment démarré en 2012. J'ai sillonné la Belgique ( Namur, Charleroi, Bruxelles, Bruges,...) , avec l'intention de "capturer" des moments de vie. Je me considère un peu comme un observateur, un sociologue qui analyse les relations humaines. Mes photos sont toujours prises sur le vif, pour conserver plus d'authenticité et d'émotion.
- Vous n'êtes pas trop adepte du PC...
- M.B: En effet, je ne travaille jamais sur Photoshop, car je ne veux pas trahir l'essence de la photographie. J'utilise un appareil reflex, qui me permet de jouer sur les profondeurs de champ, le flou artistique,... Je préfère aussi le noir et blanc pour marquer davantage les contrastes.
- Cette expo est-elle un "one shot"?
M.B: Non, elle s'inscrit dans une série de 7 expos, dont les 2 premières sont finalisées. Si le public se montre réceptif, on montera les 5 autres à Charleroi. Le projet a commencé à Montréal en septembre 2013, sur la même thématique.
- Avant la photo, vous êtes passé par d'autres disciplines, comme la musique, le mannequinat, le cinéma...
- Tout à fait. J'ai touché à plusieurs disciplines. J'étais guitariste dans un groupe de metal: Dollsex. Un premier album a pu être enregistré grâce à une bourse de la Fédération Wallonie/Bruxelles. Après 10 ans de musique, je suis entré dans le milieu de la mode comme mannequin à l'agence Dominique. Puis, comme acteur, j'ai travaillé pour l'IAD. J'ai tourné dans des films publicitaires, et pour la télé, dans "Devoir d'enquête" ( j'y incarnais Farid le Fou ), ou encore dans "Au nom de la vérité", une fiction quotidienne qui passait sur TF1. J'étais aussi un des 4 personnages d'un clip de Philippe D'Avilla. J'aime la diversité dans le milieu artistique ! JCH
L'expo "Nous, le peuple, l'esclave moderne" de Michaël Bakouch est à voir jusqu'au 30 juin dans l'atrium de l'UT, bd Roullier,1 à Charleroi, les lundis, mercredis, et vendredis de 8h30 à 18h, les mardis et jeudis de 13h à 18h, et les samedis de 8h30 à 10h30. Infos: 0478/02 20 18.