Nicolas Clinaz peut être fier...
En 1944, un combat aérien a vu l’affrontement de deux avions : l’un britannique, l’autre allemand. Les restes de ce dernier, pris en chasse par un pilote de chasse anglais, viennent d’être exhumés sur le site de Launoy à Pont-à-Celles.
C’est une belle victoire pour Nicolas Clinaz. Après une dizaine d’années de recherches, ce militaire de carrière, et passionné dans la recherche d’épaves d’avion, est parvenu, avec le concours de Michèle Heck, secrétaire du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Pont-à-Celles, à localiser un avion abattu la nuit du 14 au 15 juin 1944 ! Le secret avait été bien gardé… jusqu’alors. « Nous ne souhaitions pas divulguer trop vite les lieux, de peur que le site ne soit « visité » par d’autres personnes, avant nous ! » confie Nicolas Clinaz. Au cours d’une fouille archéologique menée samedi, celui-ci a authentifié l’avion allemand : il s’agit d’un Junkers 88 G1. Bien sûr, la carlingue n’a pas été retrouvée, car l’avion a pris feu… Des pièces intéressantes ont néanmoins été tirées de terre, comme l’arrière de la culasse d’un canon MG FF. Les faits se sont produits de la façon suivante : durant la nuit du 14 au 15 juin 1944, au cours d’une mission Intruder, le pilote de chasse de nuit britannique Arthur Burbridge, à bord d’un Mosquito, a provoqué la chute de l’avion allemand, à proximité de la base de Florennes. Le bimoteur allemand est finalement détruit sur le site du Launoy. C’est la 6ème victoire de l’équipage britannique.
L'arrière de culasse d'un canon
La victime de cet affrontement n’est autre que le Kommandeur de Florennes, le Hptm.Wilhem Herget, redoutable pilote de la Nachtjagd ( 72 victoires ). L’équipage allemand parvient à évacuer l’appareil en flammes. Ce dernier engagement clôture la carrière de ce pilote de chasse de nuit. A bord de l’avion avaient pris place également un navigateur et un mécanicien de bord. Presque 70 ans plus tard, la joie était grande aux abords du champ de fouilles. « Depuis quelques années, j’avais intensifié les recherches concernant les chutes d’avion à Pont-à-Celles, et les témoignages concordaient » note Michèle Heck. « C’est tout un travail d’équipe qui se solde par une belle découverte ! Il faut aussi remercier une quinzaine d’archéologues amateurs qui font un travail extraordinaire, par tous les temps ! ». Sur place, Florian Deblaere, échevin du Patrimoine, était venu encourager l’équipe. Les pièces retrouvées seront envoyées à Florennes, où elles devraient faire l’objet d’une exposition
Les archéologues... bénévoles !
Yvan Bachkatov, témoin de la chute
Agé aujourd’hui de 92 ans, Yvan Bachkatov garde encore bien en mémoire les circonstances de l’accident. Né à Koursk, cet ancien officier de l’armée russe a été fait prisonnier de guerre par les Allemands. Travailleur forcé, il a été envoyé au charbonnage de Souvret au Puits n°13, dont il réussit à s’évader. Puis il rejoint un groupe de résistance : la brigade spéciale de Luttre. Yvan a pris le maquis avec ce groupe. Jusqu’à la fin de la guerre, il se cache dans une maison du hameau de Launoy. « Un jour, en été 44, j’ai entendu une bataille aérienne et un bruit violent » se souvient-il. « C’était assez effrayant de voir l’avion en feu. C’est tout le ciel qui s’illuminait ! »