MARCINELLE: Le corps de Reinhold Heller, prisonnier allemand, identifié
Reinhold Heller - photo: JCH
Le Bois du Cazier consacre une exposition inédite aux prisonniers de guerre allemands employés au fond des charbonnages, au lendemain de la 2ème Guerre mondiale.
Soldat allemand enrôlé dans la Kriegsmarine en 1942, Reinhold Heller sera arrêté le 13 janvier 1944, au domicile de sa mère à Aussig. Engagé au Bois du Cazier en 1947 comme abatteur (médaille 71), il décédera dans la catastrophe du 8 août 1956, à l'âge de 32 ans. Son corps vient d'être identifié officiellement grâce à l'ADN.
Le sort ne sera guère plus enviable pour Aloïs Biena, Willi Grüss, Joseph Koller et Hans Müller. Ces Allemands étaient d’anciens prisonniers de guerre restés en Belgique après leur libération en 1947. Au même titre que les mineurs belges et italiens, ceux-ci ont dû participer à "La Bataille du charbon", lancée par le Gouvernement d'Union nationale. « Si cette expo est présentée dans le cadre des commémorations de la catastrophe du Bois du Cazier, c'est pour rappeler que 5 anciens prisonniers allemands ont perdu la vie à Marcinelle. Nous levons ici le voile sur une page de l'Histoire méconnue, celle des 60 000 prisonniers allemands qui ont travaillé dans les mines de charbon en Belgique, au titre de « dommages de guerre » signalait Colette Ista, directrice du Bois du Cazier, lors du vernissage.
Willi Grüss - photo: J.C.Hérin
Un discours nuancé
Pour comprendre les faits, Alain Forti, Conservateur au Bois du Cazier, s'est plongé dans les archives, avec la collaboration précieuse de Pierre Muller, directeur adjoint des collections au War Heritage Institute à Bruxelles.
« Le discours sur les prisonniers de guerre allemands doit être nuancé : il faut à la fois éviter de succomber à la tentation de « victimiser » ces hommes qui ont tout de même participé à la destruction de l'Europe, tout en évitant de ne les voir que comme des bourreaux, la majorité étant simplement des hommes dont l'aspiration principale était de vivre en paix » précisait ce dernier. « N'oublions pas que c'est le charbon qui a uni le Vieux Continent, en associant au sein de la CECA les vainqueurs aux vaincus allemands et italiens. Ces derniers vont d'ailleurs cohabiter dans les charbonnages belges. Aujourd'hui, certains de leurs descendants sont toujours parmi nous ». L'expo: "Le Charbon de la reconstruction " présente un parcours chronologique à travers des panneaux, objets personnels, témoignages d'époque,...
A voir jusqu'au 5 octobre au Bois du Cazier. Infos au 071/88 08 56.
JEAN-CLAUDE HERIN
Lors du vernissage: JCH