Depuis un univers virtuel conçu par les studios marcinellois Dreamwall, Patrick Stein (38 ans) a analysé l'aspect tactique des matches de la Coupe d'Europe, lors du « Club de l'Euro » et de »La Buvette » à la RTBF. Rencontre avec le journaliste passionné de Montigny-le-Tilleul.
- Patrick, quel est votre parcours ?
J'ai effectué mes études secondaires au Collège du Sacré-Coeur de Charleroi.
Après un diplôme de licence en science-po, j'ai fait un master d’un an à l’Ejl de Louvain-la-Neuve, puis j’ai directement effectué un stage à la RTBF lors de la Coupe du Monde 2006 pour enchainer sur un boulot d’assistant à la RTBF et, en parallèle, j’ai intégré la rédaction sportive de VOO/Be TV en 2007.
J’ai progressé grâce aux conseils de Christine Schréder, Jean-François Remy et Benjamin Deceuninck, et j’ai commencé à travailler en plateau en 2011 pour Be Tv et 2014 pour la RTBF.
En 2015, j’ai rejoint la nouvelle rédaction d’Eleven Sports où depuis un an, j’occupe les responsabilités de chef d’édition pour les matches en direct de Jupiler Pro League. Mais mon statut d’indépendant me permet de collaborer avec plusieurs rédactions, ce que j’apprécie énormément, car chaque défi à ses spécificités très agréable.
- Lors de cet Euro, on vous a vu davantage à l'écran, non ?
Je participais déjà aux émissions des grands tournois (Coupe du Monde-Euro- depuis la Coupe du Monde 2014. Mais auparavant, nous étions « à table » avec les autres participants et nous nous déplacions dans l’univers virtuel séparé du reste du plateau que pour certaines occasions précises.
Ici, à cause du Covid, les places en plateau étaient limitées à cause de la distanciation sociale à respecter. Du coup, toutes mes interventions, comme celles de mon acolyte Mathieu Istace étaient faites dans un studio virtuel conçu par Dreamwall, appelé "terrasse". Je pense que ce décalage a d’avantage mis en évidence les interventions. Mais évidemment, cela fait 4 grands tournois maintenant que l’on fonctionne comme cela donc je suppose que mes prestations plaisent.
Ce poste n’est pas évident à gérer car, Mathieu et moi analysons les statistiques faites sur plateau. Nous en recevons un flot impressionnant en live et nous devons chercher laquelle ou lesquelles complètera(ont) aux mieux l’analyse du match, soit en corroborant une impression des consultants, soit en suggérant un thème pas abordé.
Vu les temps de paroles réduits (une mi-temps, c’est court), nous devons vulgariser et rendre claire rapidement une donnée chiffrée parfois brute ou sophistiquée pour les non-initiés. Mais l’exercice est très agréable à réaliser car il nous pousse à choisir nos mots aussi bien que nos chiffres.
Je pense que ce décalage a d’avantage mis en évidence les interventions. Mais évidemment, cela fait 4 grands tournois maintenant que l’on fonctionne comme cela donc je suppose que mes prestations plaisent.
- Quel est votre ressenti par rapport à cette Coupe d'Europe? Très différente des autres rencontres que vous avez analysées?
J’ai été agréablement surpris par le caractère offensif des équipes participants. Généralement, les confrontations entre équipes européennes uniquement donnent lieu à des matches fermés et très tactiques. C’était le cas en 2016 où la première phase de la compétition avait débouché sur de nombreux matches ennuyants. En 2021, les plus petites équipes ont été courageuses dans leur approche et ont bousculé les prétendus grosses nations.
Une fois les matches à élimination directes commencés, les rencontres ont été serrées, mais l’ingrédient suspense est venu pimenter la dramaturgie générale du tournoi avec de nombreuses prolongations ou des séances de tirs au but. Et même dans les rencontres à élimination directe, il y a eu du spectacle comme lors d’Espagne-Croatie ou Italie-Espagne. Le Belgique-Italie, même si le résultat est décevant, était de très bonne facture et au final, l’Italie a fait figure de champion magnifique. Donc cette compétition, si particulière dans son contexte ( pandémie, plusieurs pays organisateurs, stades pas remplis à 100%...) a bénéficié d’un niveau sportif très qualitatif.
- Vous êtes l'auteur de "We are back" ( Kennes Editions à Loverval). Comment se prépare-t-on à écrire un tel ouvrage ?
La préparation est réduite car le temps est limité. Nous voulions donner la parole aux diables et à eux uniquement, Il fallait donc passer les obstacles nous séparant d’une interview avec eux. L’Union Belge nous a facilité la tâche et beaucoup de conseillers en communication ont été communicatifs, mais cela demande certaines démarches. Mais une fois ces obstacles passés, les joueurs ont tous été ouverts à la discussion et ont rendu les échanges hyper agréables. Car ils adorent parler de leur métier et savent que c’est important de garder les liens avec le public et les supporters, ce qui était le but de ce livre.
- Après l'émission, vous êtes rapidement parti à l'étranger. Ou êtes-vous allé ? Envie de décompresser après un tel exercice?
Je dirais plus déconnecter que décompresser car l’ambiance hyper amicale et professionnelle de notre équipe RTBF ne nous fait pas ressentir la pression. Mais un tournoi est long et exigeant et nous coupe de notre famille. Donc je tenais absolument à tout de suite passer quelques jours avec les miens. Nous avons opté pour Paris et le Parc Astérix pour faire plaisir aux enfants. Nous ne pouvions partir trop loin car dès le 17 juillet, la saison de football belge reprend sur Eleven Sports, ou je suis chef d’édition des matches diffusés en direct. Du coup il faut directement se replonger dans le bain et je ne couperai que quatre jours entre la fin de l’Euro et la reprise du football belge. La grosse déconnexion aura lieu en décembre/janvier.
- Vous êtes de Montigny le Tilleul. Revenez-vous régulièrement dans la région ? Parlez-vous beaucoup de foot avec la famille, les amis?
Je vis encore à Montigny-le-Tilleul donc oui, je reviens tous les jours dans la région et j’adore passer du temps dans notre Pays Noir que je n’ai jamais pu quitter. J’avais trop le besoin de rester au contact des amis et de la famille. Avec eux, le foot n’est pas le premier sujet de conversation, et heureusement, mais évidemment, certains de mes amis apprécient le foot et les Diables Rouges, donc il nous arrive d’en parler. Et forcément, pendant une compétition comme l’Euro, où tout le monde suit les Diables avec attention, les questions sont plus nombreuses, les messages de soutien aussi.
En ce qui concerne ma famille, c’était la première compétition à laquelle mon fils Théo, 6 ans s’intéressait de prêt. Donc j’ai beaucoup parlé foot avec lui : de Romelu, de Thorgan et de Courtois, ses diables préférés, mais aussi de la Tchéquie, son équipe coup de cœur du tournoi, allez savoir pourquoi… Mais en tout cas, c’est très agréable de se savoir suivi et soutenu par ceux qu’on aime
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-CLAUDE HERIN