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CHARLEROI- 60 ans du PBA- Interview Pierre Bolle

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Pierre Bolle

Théâtre, art lyrique, danse, musique classique, variétés,... Depuis 60 ans, la Culture se décline avec bonheur au Palais des Beaux-Arts de Charleroi. Soirée de présentation de la nouvelle saison: le 8 septembre à  20h ! Rencontre avec Pierre Bolle, à la barre depuis 15 ans de cette institution, qui dispose d'un des plus grands plateaux de Wallonie.

-  Vous êtes à la barre du PBA depuis 15 ans. Comment s’est passée la succession avec Guy Rassel ?

On ne peut mieux je pense. Je connaissais déjà bien Guy Rassel avant d’accéder à la direction du PBA,comme collègue tout d’abord, quand j’étais directeur de l’Eden, et occasionnellement comme camarade de randonnée, car nous aimons tous les deux la marche. Je crois qu’il était très heureux que ce soit moi qui ai été sélectionné par le jury pour lui succéder. Il est resté deux mois à mes côtés pour me passer le flambeau. Lors de ses adieux, il a tenu à dire que la maison était entre de bonnes mains. C’est toujours un plaisir et un honneur pour moi de l’accueillir lorsqu’il vient voir un spectacle avec son épouse. Il aime particulièrement la musique classique et l’opéra mais j’ai eu l’occasion de le voir plusieurs fois au théâtre cette saison.

-   Quel a été pour vous le moment phare des années passées au PBA ?

Cette question est toujours un piège et la réponse injuste. Car il n’y a pas « un » moment phare dans la vie d’une institution comme celle-ci mais plusieurs, surtout sur le plan artistique. De plus, posée comme cela elle a une connotation un peu « passéiste ».

Sur le plan du développement de l’institution, je dirais incontestablement et objectivement les années de synergie avec l’Eden, car durant cette décennie, nous avons jeté les bases de toute une série d’outils déterminants et uniques qui font la force de Charleroi et dépassent le PBA : les partenariats entre institutions, une billetterie et un abonnement commun aux grands opérateurs (PBA/Ancre/Eden/ Charleroi danse, c’est tout à fait unique…certaines villes belges et françaises en rêvent encore…ça existe depuis 2005 à Charleroi !), la création du Focus flamand, le retour de l’opéra, la création lyrique, le déploiement du festival Charleroi bis-Arts et même un magazine culturel commun (Latitude) qui a hélas disparu…

Mais nous sommes aujourd’hui dans un nouveau moment phare tout aussi exaltant, avec la création et l’exportation de nos spectacles lyriques (« Un violon sur le Toit » et le prochain « Les parapluies de Cherbourg » qui est déjà demandé avant sa création…) dans des tournées de plus en plus importantes à l’étranger, y compris dans des opéras réputés (Reims, Metz, Rouen, Avignon…). Le Tax Shelter utilisé pour la première fois avec « les parapluies » va probablement orienter le PBA vers de grands développements dans ce domaine…Il y a eu aussi la création du « Studio Lyrique » qui accompagne de jeunes talents en devenir dans le domaine du lyrique et le succès de leurs « Contes d’Hoffmann »… Sur le plan artistique chaque saison en comporte des dizaines, comme celle qui vient de s’achever (il suffit de citer le « Don Giovanni » de Jaco Van Dormael ou le « Richard III » de Thomas Jolly…)

 -  Un regret  ?

Ne pas avoir pu faire partager au public carolo des choses exceptionnelles que j’ai vues comme par exemple les spectacles de Thomas Ostermeier (« Un ennemi du peuple », « Le mariage de Maria Braun », « Richard III… ») qui est pour moi un des plus grands metteurs en scène au monde…mais je ne désespère pas…et puis j’ai tout de même fait venir à Charleroi : Wajdi Mouawad, Romeo Castelucci, Joël Pommerat, Thomas Jolly, Emma Dante, Angelica Lidell, Alain Platel,…

 Initiateur de Bis-Arts, qui reviendra en novembre 2018, comment voyez-vous l’évolution du festival ?

 Le festival Charleroi bis-Arts reste un moment très attendu du public à Charleroi, pour son originalité. Ce n’est pas une blague, beaucoup de gens nous disaient ne plus partir à la Toussaint en raison du festival. Il a fait ses preuves, plus de 20 ans d’âge, attire du public de partout et reste la plus grosse audience en termes de places payante à Charleroi. Nous y tenons beaucoup parce que c’est une sorte de « produit d’appel » qui montre la diversité du registre du PBA et son ouverture à tous les publics…Mais depuis la fin de la synergie il est porté par le PBA seul et c’est une organisation très lourde. Si les subventions n’évoluent pas dans les prochaines années, il faudra peut-être se résoudre à ce qu’il redevienne ce qu’il était à sa création : une biennale, comme pas mal de festivals chez nous finalement…

L’évolution des événements, y compris à Charleroi, démontre que seuls les festivals qui investissent dans le très haut niveau de qualité, d’originalité et misent sur la fidélisation sur le long terme ont de l’avenir. Ils méritent d’être soutenus par les pouvoirs publics.

-  Vous êtes actuellement en Avignon. En repérage pour de nouveaux spectacles ? Et en vacances, tout de même ?

Bien entendu, dans une maison qui axe toute sa réputation sur la qualité de sa programmation, le repérage est la partie la plus importante du travail. C’est très absorbant et ça se fait toute l’année car il faut alimenter quelque 60 spectacles différents et être prêts dès le mois de janvier pour la saison qui commence en septembre ! Les festivals d’été (et donc pas seulement Avignon mais Montpellier, Edimbourg, Anvers, Aurillac..) sont donc importants car ils permettent de rentabiliser son temps en visionnant beaucoup sur peu de temps…

Des vacances ? C’est un peu comme si vous demandiez à un journaliste sportif si sur le Tour de France il est en été dans les plus beaux sites de France…

On se lève avec le spectacle (la presse, les mails, les critiques, les rendez-vous…) et on se couche avec le spectacle…on assiste parfois à trois représentations sur la même journée…on est seul…C’est un travail passionnant…mais ça reste un travail…

Mes vraies vacances, c’est de ne pas aller au spectacle ! C’est l’hiver, la montage, le ski qui me vide la tête et la présence de mes proches…

 Quels sont les enjeux immédiats de ces prochaines années ?

 Installer définitivement le PBA comme institution de référence sur le plan international en matière de création lyrique dans les registres de la comédie musicale, opéra bouffe, opéra comique, théâtre musical, opérette…

Consolider et redéployer le festival Charleroi bis-Arts et palier au remplacement du Studio /Danses et du Magasin à décors qui vont faire place au Palais des Congrès, sans perdre la qualité et la diversité qui font la force du PBA….

 Merci ! JCH

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