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MARCINELLE- Rita Hissel a été infirmière chez les BAKA

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Rita Hissel à son domicile

Marcinelloise  depuis une quinzaine d’années,  Rita Hissel (  68 ans ) a soigné les populations pygmées Baka du Cameroun.  Une expérience qui a profondément marqué la vie de cette infirmière,  également diplômée en peinture de l'Académie des Beaux-Arts de Charleroi.  Rencontre. J.C.HERIN

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Rita Hissel lors d'une expo au CEME qui lui était consacrée

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Une femme de l'ethnie Baka

 

 

 Rita, dans quelles circonstances avez-vous rencontré les Baka ?

 

R.H. : Après avoir obtenu mon diplôme d’infirmière, j’ai étudié à l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers.  Comme l’ONG « Frères sans frontières » recherchait du personnel soignant au Cameroun,  je suis partie à Tonga, gros village à l’Ouest du pays, et j’ai vécu avec les Bamilékés.  Puis, de là, j’ai rejoint Salapoumbé, au Sud Est.  De 1979 à 1991,  j’ai été en contact avec les populations pygmées Baka. C’était toute une aventure pour m’y rendre ! Je voyageais  à bord de camions, et nous devions souvent nous arrêter à cause du mauvais état de la route.

 

Quel était votre quotidien dans cette ethnie ?

 

R.H. : Je devais souvent faire face à de nombreuses maladies : bronchite, pneumonie, paludisme, problèmes respiratoires, rougeole,… Mon rôle était aussi de faire de la prévention. Mais tout n’était pas simple. Un jour, j’attendais des patients. Et je me suis rendu compte qu’aucun d’entre eux n’était présent ! C’est un peuple épris de liberté, admettant mal les contraintes.

 

Un peuple aussi vivant en communion avec la nature…

 

R.H. : Bien évidemment ! Cette osmose avec la nature faisait par exemple que les enfants sont nus, et qu’un cache-sexe suffit dans bien des cas, pour les adultes.  C’est aussi dans la forêt  que se pratiquent les rites d’initiation du Tengi   ( «  Dieu de la Forêt »).  Mais depuis une trentaine d’années,  à cause d’une déforestation massive, ces populations deviennent de moins en moins nomades. A terme, les Baka rejoindront les grandes villes, et perdront ce qui fait leur identité… C’est tout à fait regrettable !

 

Cette nature, vous continuez à l’aimer comme les Baka ?

 

R.H. : Oui, j’adore faire de longues promenades dans la nature. Je suis avant tout une randonneuse, et la solitude ne me pèse pas.  Je parcours les espaces verts de la région ( comme le bois de Marcinelle).  J’ai déjà fait aussi le chemin jusque Saint Jacques de Compostelle, avec des étapes de 25 km et plus par jour.

 

Vous vivez aujourd’hui de votre art…

R.H. : Oui, depuis mon inscription à l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi,     je me suis investie dans plusieurs disciplines :  le dessin, l'illustration, l’aquarelle,  la peinture, … J’ai illustré des contes baka.  Actuellement, je  m’intéresse principalement  à  la  gravure sur bois ( Je suis en 8ème année de gravure).   Je travaille  directement au "baren".  C’est-à-dire que j’encre  un morceau de bois, un tronc, une écorce, et j’imprime par la force du poids.  Ce matériau me fait, bien entendu, penser aux Baka. Je n’entretiens pas de nostalgie envers cette ethnie, mais je suis toujours fascinée par leur façon de vivre  en communauté  et par leur approche de la nature

 

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