Encore sous le coup de l’émotion suscitée par la fin tragique de la petite Diana, à Châtelineau, les Carolos ont assisté, au ciné Le Parc, à la projection de « A perdre la raison ». Le film s’inspire de l’histoire de Geneviève Lhermitte, mère infanticide. Le réalisateur Joachim Lafosse était dans la salle.
A la question de savoir si le meurtre de Diana Fark( 4 ans ) par sa maman, à Châtelineau, aurait pu lui donner l’envie de réaliser un film, Joachim Lafosse a clamé haut et fort: « Je préfère ne pas m’exprimer sur ce sujet. En effet, je ne suis pas un commentateur de l’actualité… Je me refuse à parler de cette affaire. Ce qui m’a intéressé dans « A perdre la raison », c’est de partager le quotidien de Muriel, Mounir, André,… qui évoquent, de loin ou de près, les protagonistes de l’affaire Geneviève Lhermitte ». Le cinéaste a rappelé qu’il a tourné une fiction. Plus que le crime lui-même, Joachim Lafosse fait ressortir l’engrenage infernal ( solitude, enfermement, brimades, absence du mari,… ) qui conduit une mère à commettre l’irréparable. A l’issue de la séance, au cinéma le Parc qui affichait complet pour l’occasion, les spectateurs se sont montrés assez enthousiastes. Notons tout de même que le film fait encore l’objet de polémiques…
Charleroi, un « terreau cinématographique »
Bien qu’il n’ait pas encore tourné dans la région, Joachim Lafosse nous a confié, après la projection du film, que « Charleroi constitue un terreau fertile cinématographique intéressant », et qu’il pourrait donc y planter sa caméra, le cas échéant. « Mais je ne ferais pas un film à la Dardenne : plus que le contexte social, ce sont les gens qui retiennent mon attention. Et je trouve qu’à Charleroi, la population a gardé toute son authenticité. » En se promenant dans les rues de la Ville, le cinéaste a remarqué tous les portraits ( il y en a 700 en tout ! ) qui sont affichés derrière les vitrines et sur les bâtiments. « C’est formidable de croiser le regard souriant de toutes ces personnes ! La photo est proche du cinéma, car elle reflète bien l’âme humaine. » Joachim Lafosse raconterait d’ailleurs bien l’histoire de Georges Vercheval, qui est à l’initiative du Musée de la Photo à Mont-sur-Marchienne. « Ce serait une épopée extraordinaire ! Voilà un homme qui a tout donné pour partager, avec les Carolos, sa passion pour l’Art et la Culture ! »
Muriel de Wangenies ( 52 ans )
« Le film m’a vraiment bouleversée. J’y ressens toute la détresse d’une femme qui se sent très seule face à cette montagne de soucis qu’une certaine vie lui impose. J’ai moi-même vécu cette solitude avec mes 3 enfants métisses. Autre point commun ( assez troublant) : mon prénom est le même que celui porté par Emilie Dequenne, la mère dans le film ».
Marcin de Gilly
« Comment ne pas être touché par ce film, quand on est père de deux enfants : un garçon de 7 ans et une fille de 5 ans ? D’ailleurs, écoeuré, je suis sorti un peu avant la fin du film… Malgré l’horreur de l’acte commis, on comprend tout de même pourquoi la mère aurait agi de la sorte. De coupable, elle passerait un peu comme « victime » de tout un système.
Stéphane ( 37 ans )de Mont-sur-Marchienne
« Epoux d’une femme d’origine étrangère, je me sens concerné par le film qui amène une réflexion sur tout un tas de refoulements, de non-dits, de choses enfouies en soi,… qui, tout à coup, déclenchent le drame. Point faible : je trouve que la pudeur atténue trop le drame. N’est-ce pas cette forme de retenue qu’on appelle l’« académisme à la belge » ?