LIVRE- "Carolo, 350 fois " par Etienne Grandchamps de "Fafouille"
Comment parler des 350 ans de Charleroi ? Dans son dernier livre, Etienne Grandchamps, bouquiniste de "Fafouille", a choisi de décliner le Carolo ( et la Carolotte! ) 350 fois, en 200 pages d'anecdotes et de souvenirs. Le tout saupoudré d'humour...
Etienne et Thérèse Labye, patronne de Molière
Les amis d'Etienne Grandchamps, dont de nombreux commerçants du Centre Ville, étaient conviés à une rencontre sympathique et festive dans le passage de la Bourse ( rebaptisé " Impasse " de la Bourse! ), pour la présentation de l'ouvrage: " Carolo 350 fois". Les bruits des disqueuses s'étaient enfin tus et les planches brinquebalantes qui tapissaient le sol depuis plusieurs jours avaient été enlevées... Quant aux tranchées creusées actuellement pour cause de travaux, il ne fallait y voir aucun parallèle avec la Grande Guerre ( faut quand même pas pousser!), même si le bouquiniste carolo a relaté l'embrasement de Charleroi en 1914 dans un précédent ouvrage: " Le Carnet retrouvé"!
C'est dans ce véritable chantier aménagé pour la circonstance que quelques reconstitueurs, habillés en tenue d'époque, avaient également pris place. Le livre: " Carolo 350 fois" se présente comme un parcours décalé à travers les différents visages de Charleroi, du XVIIème avec la forteresse jusqu'au XXIème siècle et ses nouvelles constructions.
" Une visite enrobée d'un tas d'images carolottes jamais montrées, de caraloragots sensationnels, de documents carolotop-secrets, de stitches et de carabistouilles carolottes en vrac et en détail. Les premières pages sont d'ailleurs "minées": il faut faire très attention" met en garde Etienne, avec beaucoup d'humour.
Un règlement de police de 1693 !
C'est principalement au contact de ses clients, qu'Etienne, licencié en Histoire, collecte, depuis 30 ans, des documents ( dont certains curieux) sur l'histoire de la Ville de Charleroi: photographies privées ( dont certaines trafiquées!) , recettes anciennes, cartes postales, publicités, objets de fouille,... tout cela constitue la base de son travail. Quelques pièces sont exceptionnelles, comme la copie ancienne, vieille de 323 ans, du premier règlement de police de Charleroi. " Il était judicieux de comparer les préoccupations sécuritaires du Collège de l'époque avec les innombrables soucis du Collège actuel, et amusant de surprendre nos anciens carolos au détour de leurs petits et grands péchés. On se rend compte aussi que sur plus de 3 siècles, certains problèmes de société sont récurrents " signale-t-il. L'auteur a évité de tomber dans le didactisme et l'ennui . " J'aurais pu écrire un bouquin sur les Carolos qui râlent. Ce n'est pas du tout le cas ici ! J'ai voulu être optimiste. Cela dit, je ne cache pas que certains chapitres, écrits sous les bombes, sont de lecture sombre et désespérée... D'autres chapitres, par contre, ont été écrits sous le ciel bleu de la bienveillance et de la bonne volonté des hommes de chantier".
Une comparaison intéressante est établie aussi à la fin de l'ouvrage, avec le Liban ( Claire, la fille d'Etienne et de Régine y séjourne). " La grande banlieue de Beyrouth, c'est un hyper-centre Rive Gauche. Les Carolos doivent-ils envier ça ? " Soulignons aussi, dans l'ouvrage, la qualité des reproductions photographiques qui est remarquable. JCH
Charleroi, au temps de la forteresse. Gravure allemande du XVIIème siècle et figurines peintes.
vue ancienne de Charleroi. 11 avril 1947, disparition du Pont de Sambre.
Des Carolottes " canon "! ( industrie verrière )
"Carolo 350 fois" par Etienne Grandchamps aux éditions Fafouille. Charleroi. 25 euros. 071/31 22 94. www.librairiegrandchamps.com
Les anecdotes de André Hautenne !
Le livre est émaillé de témoignages de Carolos, dont celui d'André Hautenne. Négociant en bière, vin et alcool ( comme son père Eugène), celui-ci tenait un établissement" le Biravin" à la rue de Gilly à Couillet, de 1948 à 1965.
Ce vaillant Carolo, qui va très bientôt souffler 90 bougies, a toujours aimé se rendre au Centre-Ville. Dans l'ouvrage, on le voit attablé au Piccolo Bar, à la place Albert 1er, et marchant à l'âge de 18 ans, à la rue de la Montagne. Pendant la 2ème guerre mondiale, André a été conducteur de jeep et chauffeur d'un colonel américain. L'intéressé a des histoires croustillantes sur l'Occupation.
" Ca se passe chez Thibault, sur le coin entre la place de la Digue et la rue du Grand Central. Le tenancier servait du Marc de Bourgogne et des cigarettes Bogdonoff bouts dorés, de contrebande. Cher, très cher,... Ca, c'était "Verboten"! Mais comme une bonne partie de la clientèle du zinc était allemande, les accises belges n'osaient pas le contrôler de trop près...Le chef de gare , un vieux militaire bavarois débonnaire, s'était attiré la sympathie des Carolos. Le jeu était de lui faire répéter des phrases en wallon, qu'il ne comprenait pas, et de les lui expliquer après coup! ". Pensionné, André Hautenne a été champion de Belgique et d'Allemagne au tir aux clays. J.C.HERIN