CHARLEROI: Ancre: spectacle "25/06/76" du 28 au 30 mars
Il y a ceux qui, pour se présenter, vous tendent leur carte de visite. Et puis, il y a ceux, comme Ayelen (prononcez Achelen) Parolin, qui préfèrent vous convier à un solo de danse contemporaine. Dans son spectacle, « 25.06.76 » (autrement dit sa date de naissance), la danseuse et chorégraphe argentine explore, avec son corps, sa vie de danseuse en Amérique du Sud et sa vie actuelle à Bruxelles. Un solo qui parcourt sa vie, depuis ses premiers pas devant le miroir jusqu’à une carrière foisonnante en Belgique.
« Un nom mapuche »
Une histoire qui commence par un nom, imprononçable, mais qui porte fièrement les racines de son pays. « C’est un nom mapuche (NDLR : tribu indienne d’Amérique du Sud) pour lequel ma mère a dû batailler à ma naissance, nous explique la danseuse. Je suis née en pleine dictature et Ayelen n’était pas sur la liste des noms permis par le régime. Finalement, à force d’insister, dictionnaire autochtone à l’appui, ma mère a eu gain de cause. » Ayelen démarre la danse à 5 ans. « Je parlais beaucoup devant le miroir. Ma mère s’est dit que ce n’était pas normal et m’a inscrite à un cours de danse, pour m’occuper », sourit-elle. En sortant de l’Ecole nationale de Danse, Ayelen découvre, lors d’un festival international à Buenos Aires, la troupe belge Rosas. « Comme les professeurs nous disaient qu’il fallait voyager pour devenir danseur professionnel, j’ai voulu tenter ma chance chez P.A.R.T.S. Il n’y avait pas beaucoup de bourses en Argentine donc j’ai trouvé un travail à la télé : je dansais dans des émissions de variétés. En huit mois, j’ai mis 10.000 dollars de côté et je suis partie pour Bruxelles en 2000. Je n’avais même pas envisagé ne pas être prise chez P.A.R.T.S. et pourtant je n’ai pas été prise. Alors j’ai voyagé à travers l’Europe, de festival en festival. Et puis l’argent s’est épuisé, il a fallu trouver des petits boulots, je suis tombée amoureuse et je suis restée. Je passais audition sur audition mais ça ne marchait pas. Je me suis dit que, pour trouver du boulot, le mieux était de créer un solo. Un spectacle qui dirait d’où je viens, qui je suis. » Bille en tête, l’artiste se fait prêter un studio pendant l’été chez P.AR.T.S, fraternise avec les autres artistes en résidence, crée « 25.06.76 » et le reste fait boule de neige. Invitée dans un festival en Norvège, elle se fait remarquer par le directeur d’un autre festival à Paris et voilà l’artiste lancée. Depuis elle a travaillé avec Mathilde Monnier, Louise Vanneste, Mauro Paccagnella ou encore la compagnie Mossoux-Bonté, tout en créant ses propres spectacles : « SMS and Love » ou « Troupeau ».
Professionnellement épanouie aujourd’hui – elle s’apprête à créer « David » aux Brigittines, jeu sur la masculinité autour du David de Michel-Ange – Ayelen avoue avoir vécu un petit choc culturel en s’installant chez nous. « J’ai dû revoir ma façon de m’habiller car je me faisais constamment harceler. En Argentine, les femmes s’habillent de manière très féminine. Et je n’avais jamais vu de femmes voilées avant de venir en Belgique. Maintenant, j’ai compris certains codes. C’est même un soulagement par rapport à la culture machiste de l’Argentine où la femme doit toujours être soignée, maquillée, sexy. C’est tout cela aussi que je raconte dans 25.06.76 ».
Installée dans le centre de Bruxelles, la chorégraphe est fiancée à un journaliste flamand et reste solidement attachée à la Belgique. « Il y a ici tellement plus d’opportunités qu’à Buenos Aires. En Argentine, tout le monde se bat pour la même chose. Si on n’aime pas ce que tu fais, tu es vite catalogué. Ici, les artistes et les lieux s’entraident. La Belgique est une plaque tournante de la danse contemporaine. Des danseurs du monde entier viennent dans ses écoles et essaient d’y trouver du travail, ce qui la rend aussi plus compétitive. Moi, je reste tant que dure l’élan, et j’espère qu’il durera longtemps. »
A voir à l'Ancre
du 28 mars, à 20:30 au 30 mars, à 20:30
¤ Prix?
adulte 12€ / 8€ adulte
jeune 10€ / 5€ abonné
Une co-présentation Charleroi Danses et L’Ancre
|
|