LIVRE- Crime sur la scène du PBA !
Coup de tonnerre au PBA ! Alors qu'il jouait comme figurant dans la comédie musicale : « Vital chaos », Quentin Boulvin meurt subitement sur la scène, écrasé par un rideau de fer... A qui pourrait profiter un tel sabotage ? Stanislas Barberian, gentleman bouquiniste, va mener l'enquête dans : « Sortie de scène à Charleroi », le dernier polar haletant de Francis Groff, auteur de Jamioulx. Rencontre.
- Six ans après « Morts sur la Sambre », vous renvoyez Stanislas à Charleroi. Et au PBA ! Pourquoi ?
Francis Groff : J'ai toujours été fasciné par le Palais des Beaux-Arts. Enfant, j'ai assisté à bon nombre de spectacles qui m'ont fait rêver. Adulte, j'y ai vu de nombreux artistes : Ella Fitzgerald, Elvire Popesco, Ray Charles, Michel Sardou,... J'ai aussi beaucoup apprécié les opérettes de la compagnie carolo. Il y a quelques années, alors que je me trouvais au café « Les Templiers », en face du PBA, je me suis imaginé la nuit, seul, « enfermé » dans l'imposant bâtiment. Cette situation ne s'est jamais produite en réalité, mais elle a nourri mon imagination.
- L'aspect technique des lieux vous a inspiré en tout cas...
F.G. Comment ne pas parler de la comédie musicale en 2002 : « Tintin, le Temple du soleil » ? Le héros à la houppe devait franchir une impressionnante chute d'eau : c'était le Niagara sur scène ! Dernièrement, j'ai eu l'opportunité de visiter les coulisses du PBA, en compagnie de Martial Pin, ancien directeur des équipements, et Franco Desautez (cité dans le livre!), directeur technique. Tous deux m'ont expliqué ce qu'étaient le gril, le cliquet de sécurité du moteur, le câble de retenue du rideau,... Tous ces termes m'ont aidé à décrire avec précision la scène du meurtre.
- Vous vous rendez sur place pour rencontrer les acteurs du terrain ?F.G : Oui, c'est un réflexe du métier de journaliste (J'ai écrit pendant quelques années à La Nouvelle Gazette) que j'ai pratiqué pendant de nombreuses années. J'aime beaucoup l'histoire locale : je suis descendu, par exemple, à l'église Saint-Rémi à Montignies-sur-Sambre, en compagnie du journaliste Eddy Piron et du pèlerin Pierre Dujeu, à propos des reliques de Saint-Valentin. Dans le livre, je parle aussi de la maison Magritte à Châtelet, du festival Django Reinhardt à Liberchies, de l'abbaye d'Aulne,... Je cite des établissements où je me rends régulièrement, comme « La Fontaine du Ventaire » à Fontaine l'Evêque , où l'on mange très bien.
- Des spécialistes vous ont éclairé aussi ?F.G. : Oui, comme Anne-Christie Fouquet, première inspectrice principale à la police judiciaire de Charleroi, ou encore le docteur Monique Vassart qui m'a expliqué en quoi l'homosexualité et la transsexualité, deux thèmes abordés dans le roman, pouvaient conduire à de réelles souffrances... Côté archives, j'ai pu compter sur l'aide précieuse de Christian Joosten ou encore d'Etienne Grandchamp de Fafouille.
- Quentin, la victime, était passionné par les « feuilles de chansons » au 19ème siècle- début 20ème siècle. F.G J'ai co-écrit un livre à ce propos : « L'orchestre des courants d'air ». Au travers de chansons mordantes, humoristiques et parfois cruelles, les artistes, souvent accompagnés d’un ou de plusieurs musiciens, brossaient à larges traits les événements du moment en n'épargnant rien ni personne. Grâce aux « feuilles de chansons » qu’ils vendaient pour quelques sous, le public pouvait reprendre les refrains en choeur. Dans le roman, je parle par exemple de Pharaon Stoquart, né le 15 octobre 1889 à Marcinelle, auteur de « la Danse du Spirou »
- Dans votre roman, il est aussi question du Biopark à l'aéropole de Gosselies F.G. Quentin Boulvin y était ingénieur. J'ai pu m'entretenir avec Dominique Demonté, patron du campus. Si Charleroi et sa région étaient réputées dans le passé pour leurs industries lourdes, les nouvelles technologies sont à présent très prometteuses pour la Cité.
« Sortie de scène à Charleroi » 7ème enquête de Stanislas Barberian, par Francis Groff. Editions Noir Corbeau. Editions Weyrich. 20 euros.
JEAN-CLAUDE HERIN
Francis Groff