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JUMET- Un double exil contraint pour le Nigérian Precious Chukwu

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Precious Chukwu (22 ans) a été accueilli en urgence au Centre Fédasil. Ce Nigérian a dû fuir successivement son pays et l'Ukraine en guerre. Une épreuve douloureuse pour ce jeune étudiant en informatique, ainsi que pour 7 autres réfugiés non ukrainiens.

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Precious entouré de Adriano et Atar du Centre Fedasil à Jumet 

Aujourd'hui, Precious Chukwu est en sécurité au Centre Fédasil, entouré de toute une équipe bienveillante. Il peut à nouveau téléphoner à son père et lui donner des nouvelles. Mais le jeune homme garde les traits tirés : les derniers mois avant d'arriver à Jumet ont été terriblement éprouvants. Un retour en arrière permet de mieux comprendre : il y a un an, le jeune étudiant en informatique avait trouvé  un logement à Sofiyska, dans la banlieue de Kiev. « Conseillé par des amis, je croyais trouver le paix et la sécurité en Ukraine » fait-il remarquer. Comme pour bon nombre d'habitants, la guerre, déclarée subitement, l'a pris complètement au dépourvu.

« Je n'en pouvais plus. Les bombardements étaient incessants. Je montais sur le toit et je voyais le ciel illuminé, comme s'il s'agissait de feux d'artifice, mais c'étaient des obus au phosphore. Me sentant en danger permanent, mes conditions de vie y étaient devenues extrêmement pénibles » poursuit-il. Commence alors une longue marche de 5 jours. Avec d'autres personnes, Precious prend ensuite le train pour la Pologne.

obligé de rester debout dans le train

« Rapidement, les Ukrainiens, passagers tout comme moi, m'ont fait comprendre que je ne pouvais pas occuper une place assise. Quelqu'un est même rentré dans le train et m'a sommé de rester debout durant tout le trajet. J'estime que cette attitude était tout à fait discriminatoire à mon égard et je n'étais pas la seule personne d'origine étrangère à être traitée de la sorte » s'indigne-t-il. Et ce n'est malheureusement pas la seule épreuve que Precious a dû endurer. Avant de se rendre en Ukraine, le jeune homme a vécu l'horreur à Uburu au Nigéria. « Les indépendantistes appartenant à l'ethnie Igbo ont commencé à tout piller et à incendier mon village natal. Je n'avais pas d'autre choix que de partir» signale-t-il.

Kingsley Mmakamma fait partie aussi de ces réfugiés : « En Ukraine, je m'étais complètement reconstruit. J'ai fait des études et je suis devenu médecin. Mais je laisse au pays ma famille,  mon fils et ma compagne . J'ai l'impression de perdre tout à coup 10 ans de ma vie. C'est une situation vraiment dramatique, car je me considère Ukrainien à part entière».

JEAN-CLAUDE HERIN

Bientôt un statut identique pour réfugiés et Ukrainiens ?

80 centres d'accueil de Fédasil (Agence Fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile) sont répartis en Belgique. La capacité de Jumet est de 220 résidents : hommes et femmes isolés, familles et mineurs non accompagnés. Depuis peu, suite aux événements en Ukraine, le centre est occupé également par 3 Angolais, 2 Palestiniens et 2 autres Nigérians. Avec Precious, ils partagent comme point commun d'avoir fui l'Ukraine, mais de ne pas être de nationalité ukrainienne. « Quand nous avons appris que ces réfugiés ne disposaient pas d'une protection temporaire accordée aux Ukrainiens par l'Union Européenne, nous n'avons pas hésité à accueillir ces 8 nouveaux résidents. C'est le coeur qui parle avant tout, quitte à construire de nouveaux logements. Nous l'avons déjà fait avec l'afflux de réfugiés en provenance d'Afghanistan, de Syrie, d 'Irak, de Palestine...note Fabian Delobbe, directeur. Dans les jours à venir, une nouvelle législation pourrait voir le jour donnant aux réfugiés non Ukrainiens le même titre de protection que les Ukrainiens.

J.C.HERIN

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