CHARLEROI- PBA- Josiane Balasko dans "La femme rompue"
" Je m’en branle de l’humanité, qu’est-ce qu’elle a fait pour moi, je me le demande. S’ils sont assez cons pour s’égorger, se bombarder, se napalmiser, s’exterminer, je n’userai pas mes yeux à pleurer. Un million d’enfants massacrés, et après ? Les enfants, ce n’est jamais que de la graine de salauds (…) Des gosses qui ne me sont rien, je ne vais pas m’attendrir sur eux. Ma fille à moi est morte et on m’a volé mon fils. »
Voilà Murielle ! Alors que les rires de la Saint Sylvestre fusent de partout, cette femme mûre se retrouve seule, face à elle-même, rongée par ses douleurs et ses échecs. Aigrie, elle s’étonne de n’être pas aimée, alors qu’elle déteste la terre entière. Véritable performance scénique d’incarner seule en scène cette "Femme rompue", tiré d' un recueil de trois nouvelles de Simone de Beauvoir, publié en 1967. L'auteure y exprime crûment la douleur d’exister au féminin. Le monologue carnassier de "La femme rompue", qui raconte la solitude d’une femme rejetée par les siens depuis le suicide de sa fille, dont elle se sent intimement responsable, est le plus dur des trois récits.
A contrario des personnages comiques qu'elle a portés au théâtre ou au cinéma, Josiane Balasko s'est lancé un défi d'être cette femme plus tragique, plus rageuse et plus torturée qu’elle ne le fut dans aucun rôle. Murielle, qu'elle incarne, n’en peut plus, et elle gueule sa souffrance sur ce divan où elle se condamne à passer désormais ses journées vides. Fatiguée, pleine de haine contre la vie...
"La Femme rompue" dans une mise en scène de Hélène Fillières est à voir les 13 et 14 janvier à 20h à la grande salle du Palais des Beaux-Arts de Charleroi, place du Manège. Prix: 15 à 10 euros. 12 euros pour les moins de 26 ans. Infos et réservations: 071/ 31 12 12
J.C.HERIN