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LIVRE- "La poupée au micro-ondes " aux Editions du Basson

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" La Poupée au micro-ondes" prend le contrepied des contes habituels et des poésies pour enfants. Transgressif, décalé, et drôle, ce livre illustré est bien dans la veine du chroniqueur carolo Dominique Watrin. Rencontre.

" La poupée au micro-ondes" de Dominique Watrin, illustrations de Florence Weiser, aux éditions marcinelloises du Basson. prix: 16 euros. www.editionsdubasson.com.

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Dominique,  Comment qualifierais-tu ton ouvrage ?

C'est un livre de poésies pour enfants qui bat en brèche tous les clichés du genre. Face aux codes "classiques" qui veulent que, tant les livres pour enfants que les poésies pour enfants, dégoulinent de bons sentiments ou de leçons, je positionne un univers totalement opposé : un monde de farce et de "mauvais coups" d'enfants. Sans autre réelle prétention que de rire et faire rire, c'est un peu de la poésie "révolutionnaire" pour enfants, de la poésie de garnement. C'est aussi un livre pour enfants raccroché au monde d'aujourd'hui. Un monde vu à travers le prisme de l'humour qui est celui de l'univers que je présente à travers toutes mes productions (livres, spectacles, chroniques radios,…) : transgressif, décalé et drôle (j'espère ;-)).

 Tu prends le contrepied des contes habituels et des poésies pour enfants. Pourquoi ?

D'abord, parce que ça m'amuse. Mais surtout parce que le contrepied ouvre de nouvelles perspectives, fait tomber les oeillères. Pour l'enfant, c'est l'occasion de se dire : "Ah, ça peut aussi être ça, la poésie !" Une anecdote pour preuve : pour la promotion du livre, j'ai fait enregistrer des extraits de poésie lus par des enfants. Deux d'entre eux étaient des enfants très branchés consoles et jeux vidéos ; donc, plongés sur leur smartphone en attendant leur passage au micro. Après l'enregistrement, pour les remercier, je leur ai offert un exemplaire du livre et ils sont rentrés chez eux. Le lendemain, leur maman a expliqué que ses fils avaient passé toute la soirée ensemble, plongés dans le livre. Et qu'à l'heure d'aller dormir, ils ont supplié leur mère de leur laisser encore un peu de temps : ils voulaient aussi écrire des textes "comme dans le livre", pour écrire leur livre à eux. Magnifique !

La famille est souvent prise à partie, et chacun en prend pour son grade: le père, la mère, le grand frère, le petit frère,... Dans quelle intention ? 

La seule intention, c'est celle du contrepied. Là où toutes les personnes sont présentées sous leur beau jour, l'identification des enfants aux personnages est très relatives. Une maman jolie, un père très fort, des frères et soeurs merveilleux, c'est peut-être beau à lire, mais ça ne correspond que très peu à la vraie vie. Des enfants, ça se chamaille, puis ça se réconcilie. Des parents, ce n'est pas parfait. Ça empêche les enfants de dire des gros mots, mais ça jure en voiture. Un papa, ça ronfle parfois devant la télé. Etc. Ici, l'enfant voit des pans d'une vraie famille, mais avec légèreté et humour. Un des premier petits lecteurs qui lisait la poésie de l'enfant qui se fait gronder par son père parce qu'il se met le doigt dans le nez, s'est exclamé spontanément : "En plus, c'est vraiment comme ça que ça se passe !" Pour moi, ça, c'est bingo !

Délivres-tu un message éducatif ?

Evidemment. D'abord, c'est : la poésie peut être amusante. Je fais partie de la génération qui a été abreuvée, à l'école, d'une poésie ennuyeuse et conformiste qui était tout sauf du plaisir. Donc, montrer que la poésie peut être synonyme de plaisir est ma première intention. Ensuite, c'est clairement une initiation au second degré. L'enfant est plus subtil, plus capable de recul que la plupart des adultes ne l'imaginent. L'initiation aux gros mots par laquelle tous les enfants passent, à un certain moment de leur évolution, se fait toujours dans le rire. Mon livre ne contient pas de gros mots, mais c'est une initiation au rire habituellement interdit. Le rire de potache, le rire du blagueur du fond de la classe, le rire de récré. Un rire ni vulgaire, ni méchant, bien sûr ! L'enfant est un extraordinaire observateur et un grand amateur de rire. 

 L’humour de cet ouvrage est décapant, voire irrévérencieux. C’est bien ton style ?

Effectivement. Dans toutes mes productions (livres, spectacles, chroniques…), je recherche l'espace de rire qui n'est pas exploité. J'adore inventer des situations burlesques poussées jusqu'à l'absurde, le quotidien réinventé mais dans un cadre "normal" qui fait que le public se dit que ça pourrait arriver, même si c'est tout à fait fou. Mes récits mettant en scène le personnage fétiche de ma voisine Fernande - dont je parle dans mes chroniques en radio et dans un livre - est la synthèse parfaite de ce procédé. Lorsque je raconte qu'elle m'a offert une paire de bretelles de son regretté mari et que je n'arrive plus à les détacher de mon pantalon, avec les quiproquos qui s'ensuivent, les auditeurs m'accompagnent dans mon délire, en sachant que c'est faux, mais en me disant systématiquement "je vous voyais, je vous visualisais". 

Quel a été ton travail avec l’illustrateur ? Qui est Florence Weiser ?

J'ai rencontré Florence grâce à Internet, en cherchant sur la toile un coup de crayon qui pouvait cadrer avec mes textes. Et on a été d'emblée synchros sur le projet. Je lui ai transmis les textes, je lui ai laissé le temps de s'en imprégner et de me faire des propositions... et on se voyait pour en discuter et ajuster, quand elle avait réalisé une illustration qui la satisfaisait.

C'est une illustratrice pleine de talent, qui est capable de donner à ses personnages une expressivité extraordinaire, tout en apportant les petites touches de détail qui rendent ses dessins craquants de drôlerie. Ses garnements prennent tellement de plaisir dans leurs bêtises qu'on a plus envie de se réjouir de leur bonheur que de les gronder pour leurs bêtises. Notre collaboration et notre entente ont été parfaites. 

En plus, c'est quelqu'un qui vit au coeur de la nature, dans une roulotte nichée dans un coin de verdure, très sensible au petit monde qui l'entoure et très attachée à vivre en harmonie avec la planète. Avec de vraies valeurs !

Elle travaille aujourd'hui sur d'autres projets de livres. 

Ce livre est-il un “one shot”, ou le premier d’une collection ?

Il n'y a aucun plan prévu. Personnellement, c'est mon quatrième livre pour enfants. Je ne cherche pas à en écrire, mais, quand je trouve une idée qui me semble intéressante, que j'ai le temps de la développer sur papier, je le fais. Avec toujours le même filtre : est-ce un livre que j'aurais aimé offrir à mon fils ? Et j'ai, à chaque fois, trouvé un éditeur pour m'accompagner jusqu'au bout de mon délire… 

“La poupée....” s’adresse-t-il d’abord aux adultes ou aux enfants,... ou les deux ?

Les deux naturellement ! Pour les enfants, c'est une plongée dans le rire, dans une "autre" poésie que celle de l'école, dans le second degré et dans des saynètes du garnement qui sommeille au fond d'eux. Et, pour les adultes, c'est une résurrection de l'enfant qu'ils ont été et qu'ils oublient trop souvent qu'ils sont encore quelque part, au fond d'eux-mêmes. 

Quelle est ton actualité ?

Pour l'instant, un départ pour Montréal et l'enregistrement de la dernière émission des Enfants de Choeurs (VivaCité) de la saison. Puis, un court repos, avec plusieurs projets d'écriture en cours : une pièce de théâtre un peu particulière, le deuxième recueil des aventures de ma voisine Fernande… sans oublier le prochain livre pour enfants qui est déjà en route. Et ensuite, la prochaine saison qui redémarre avec mes prestations sur scène, en presse écrite (notamment dans le journal "Même pas peur"), en radio (sur VivaCité) et également en télévision, sur la chaîne locale Notélé, où je participe à une capsule humoristique hebdomadaire. 

Merci !

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