Petite-fille et arrière petite-fille de victimes d'Auschwitz, la journaliste et auteure carolo Dominique Delescaille rendait hommage à 4 membres de sa famille.
Léon Lewkowitz, Hella Lewkowitz née Szymkowicz, Régina Lewkowitz et David Lewkowitz ont désormais leur nom gravé sur des pavés, devant le numéro 35 du Boulevard Jacques Bertrand tout juste rénové. La pose s'est déroulée dernièrement en présence de leur descendante Dominique Delescaille, de l'association pour la Mémoire de la Shoah, de l'artiste carolo Charles Szymkowicz venu rendre hommage à son aïeule, des échevins Alicia Monard (pour les Associations patriotiques), Laurence Leclercq, Eric Goffart et Julie Patte, ainsi que d'élèves de l'école communale des Haies de Mont-sur-Marchienne Haies, laquelle compte une arrière-arrière-petite fille de Régina Lewkowitz.
Charles Szymkowicz
« Comme nous ne disposons pas de sépultures pour nous recueillir, ces pavés ont une portée symbolique, immortalisant ainsi la mémoire de nos chers disparus » signalait la journaliste carolo Dominique Delescaille, auteure de « Ma grand-mère, cette Juive polonaise morte à Auschwitz » (paru aux éditions Jourdan). « Notre maman, Louise, avait été cachée et sauvée par une famille de Lodelinsart. Malheureusement, sa maman qui n’avait que 17 ans, son frère David seulement 11 et leurs parents ont fait partie de la troisième rafle de Charleroi, sont passés par la caserne de Malines, le 8 août 42, et puis ont déportés à Auschwitz, où ils ont été gazés. Le numéro 35, devant lequel nous nous trouvons au Boulevard Jacques Bertrand, restera leur dernier domicile connu ».
Charleroi, lié au plus grand drame de l'Humanité
De son côté, le bourgmestre Paul Magnette a tenu à souligner : « Bien qu'il ne reste presque plus de familles juives à Charleroi (la plupart se sont installées à Bruxelles, Anvers, ou ont quitté le pays), notre cité restera à tout jamais marquée par le drame le plus tragique de l'Histoire de l'Humanité qu'a été le génocide juif. Lors d'un voyage à Jérusalem, devant le Yad Vashem, mémorial israélien construit en mémoire des victimes juives de la Shoah, j'ai pu rencontrer un ancien carolo (qui habitait au Passage de la Bourse), fier que sa Ville ait pu compter autant de Justes parmi les Nations, qui ont été jusqu'à risquer leur vie pour protéger des Juifs. »
Des pavés comme ceux qui ont été placés au Boulevard Jacques Bertrand, il en existait déjà à Charleroi. Particulièrement dans les rues de la Ville Haute qui concentrait, avant la Deuxième Guerre mondiale, une importante partie de la communauté juive carolo. Sur le monument aux martyrs juifs victimes du nazisme, dans le cimetière de Marcinelle, on découvre 445 noms, ou plus justement d’après Vincent Vagman qui a rédigé un ouvrage « Présence juive à Charleroi – Histoire et Mémoire », d’environ 600 juifs qui ont été arrêtés en région carolo avant d’être déportés et exterminés dans les camps de la mort nazis.
JEAN-CLAUDE HERIN