Vendredi, une stèle sur la Résistance a été dévoilée au Tir de Marcinelle, dans le cadre du 70ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Des fresques, réalisées par des jeunes, étaient montrées au public
"C'est ici que tombèrent , sous les balles nazies, le major Servais, le commandant Massart, le lieutenant Evrard, et une cinquantaine de héros, dont le nom nous est inconnu..." Voilà l'inscription que l'on peut lire aujourd'hui au Tir de Marcinelle. On y voit encore un cachot et un peloton d'exécution. Outré de voir que le site était quasi à l'abandon et en proie au vandalisme, Michel Descamps, habitant de la rue Jules Bordet, et coordinateur de Hainaut Mémoire, a lancé un appel pour valoriser le site. Cet appel a été relayé par la Ville de Charleroi, via le Service Jeunesse. Deux de ses maisons de jeunes ont été associées aux cérémonies du 70ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. L'atelier M de Monceau- sur-Sambre a pris en charge la réalisation d' une fresque sur des panneaux en bois, pendant des stages de Pâques. La suite du projet s'est déroulée en juillet, en compagnie de la Maison des Jeunes de Ransart "L'Eveil", sous la forme d'une jam rassemblant une vingtaine de graffeurs.
au centre de la photo Abdon Badiaux, dernier survivant de Breendonk
Le 4 septembre n'a pas été choisi par hasard pour les commémorations, car voici tout juste 71 ans, Charleroi était libérée du joug nazi. Toute la journée, des jeunes des écoles du quartier ont visité le site. En soirée, une cérémonie du souvenir réunissait des membres du CLAP ( Comité de Liaison des Associations Patriotiques ), Yves de Wasseige, secrétaire de la Fédération nationale des Combattants, Julie Patte, échevine de la Jeunesse, Guy Charlier, président du Pôle de la Mémoire, Danielle Servais, fille du major Servais ( exécuté le 3 juin 43), Isaac Curtis, ancien vétéran à Utah Beach, des figurants du 28 th I.D. Memory, Françoise Daspremont, échevine déléguée aux affaires mayorales, ... De son côté, Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi, a souligné: " Ce rassemblement n'est qu'un début pour développer le Tir de Marcinelle . D'autres rénovations et réalisations auront lieu à l'avenir, qui feront du site un lieu incontournable dans la cartographie de Charleroi". Des accords sont pris également avec la Maison du Tourisme pour intégrer les lieux dans des parcours mémoriels. Un stèle a été dévoilée, portant l'inscription: "La démocratie est un combat de tous les jours". Elle est signée A.B. Abdon Bardiaux ( 92 ans) , dernier prisonnier wallon des camps de Breendonk, présent également à Marcinelle.
Michel Descamps, riverain
la nouvelle stèle
Polémique autour d'une fresque
Au sein du quartier, une fresque a suscité la controverse. On y voit un soldat ( vraisemblablement allemand) de face, en position de tir. Directeur d'une institution pour personnes handicapées de Farciennes, Dominique Daue, habitant de l'avenue Géronhaies, s'est offusqué: " Ce militaire et cette arme, représentés en grand et de façon très réaliste, peuvent vraiment agresser le regard. Par les temps qui courent, n'est-il pas préférable de prôner plutôt un message pacifiste et antimilitariste, surtout auprès des jeunes générations ? Imaginez aussi la personne qui se lève le matin en voyant cette fresque de sa fenêtre ou le passant dans la rue qui peut se sentir visé par cette arme... Cela peut créer un véritable malaise... " Pour mettre fin au malentendu, une discussion s'est engagée entre le riverain ( qui était présent lors des commémorations ), les jeunes artistes et diverses associations patriotiques qui ont avalisé le projet. Julie Patte a elle-même proposé qu'à l'avenir quelques phrases soient rajoutées, replaçant ainsi l'oeuvre dans son contexte. " Au-delà de cette polémique, on peut surtout se réjouir que cet ouvrage soit un travail de mémoire, et que des jeunes se soient ainsi impliqués " a noté l'échevine de la Jeunesse
Isaac Curtis, vétéran américain d'Utah Beach