Etienne Grandchamps
Garde civique à Charleroi, Louis Dermine a vu sa Ville s'enflammer en août 1914. Son témoignage a nourri "Le carnet retrouvé", un ouvrage richement illustré, préfacé et commenté par Etienne Grandchamps.
Petits-enfants de Louis Dermine, Pierre et Nicole ont confié, à Etienne Grandchamps, bouquiniste chez Fafouille, bon nombre d'archives familiales. Parmi celles-ci, trois carnets de leur aïeul. Le premier, relatant le début des hostilités à Charleroi, est particulièrement poignant. Les deux autres sont surtout des souvenirs de tranchée. Un quatrième est perdu. Louis Dermine est un témoin oculaire de premier plan. "Je tends l'oreille, et bien distinctement alors, je perçois un sifflement, puis une explosion." raconte-t-il. " C'est vers la Ville Basse. On bombarde. D'un bond, je suis debout. Mon frère, pâle et défait entre dans ma chambre...". Louis, âgé à l'époque de 23 ans, a vu brûler sa maison, et s'est réfugié par la suite au Collège du Sacré-Coeur, transformé en hôpital militaire. Avocat, puis bâtonnier en 1946, Louis Dermine connaîtra également les affres de la Seconde guerre mondiale. Il sera mobilisé en 1939, puis fait prisonnier en 1940. Il décède en 1965.
Des photos inédites
" L'intérêt de ce premier carnet est qu'il s'agit d'un récit vivant, relaté jour après jour, heure après heure." souligne Etienne Grandchamps. Dans "Le carnet retrouvé", le licencié en Histoire carolo a mis les événements racontés par Louis Dermine en perspective, par l'apport de quelques annexes. Il a également collecté bon nombre de photos pour la plupart inédites, de cartes postales, de dessins, de caricatures ( une d'entre elles représente un Boche au visage bouffi),... Les illustrations sont en adéquation parfaite avec le texte. Par exemple, apparaissent, sur une même page, la photo d'un Zeppelin allemand et le récit du 20 août: " Au dessus de nous, à petite hauteur, s'avance lentement un dirigeable blond comme gigantesque havane"... Une carte de grand format de Charleroi en 1914 permet de découvrir l'évolution de la Ville en un siècle. Avec l'évocation en début d'ouvrage d'Emile Crowet, fondateur du "Bon Marché", Etienne a voulu montrer aussi que la vie s'écoulait paisiblement à Charleroi, avant ce mois d'août 1914: "Tout est arrivé si brutalement. Les Carolos ne s'attendaient pas à vivre de telles horreurs!" JCH
"Le carnet retrouvé" aux éditions du Basson- 104 pages couleur- 20x30 cm- 25 euros. www.editionsdubasson.com