CHARLEROI- Still standing for Culture: Quai 10 et L'Ancre ont fait de la résistance...
une salle de cinéma occupée à 25%
Le film français « Adieu, les cons » a pu être projeté, samedi après-midi, à Quai 10, devant un public d’une cinquantaine de personnes. La séance s’est déroulée sans l’intervention de la police.
« Le geste fort, c’est vous qui le posez, en revenant au cinéma. Félicitations pour votre courage ». C’est par ces quelques mots que Matthieu Bakolas, directeur du Quai 10, s’adressait au public, peu avant la projection ( non autorisée) de « Adieu, les cons », réalisé par Albert Dupontel, en 2020.
Ce film français, qui traite de thèmes sociaux dans l’air du temps comme le burn-out, les maladies professionnelles, le hacking, les violences policières, la naissance sous X,… n’avait pas été choisi au hasard. C’est en effet ce long-métrage qui avait été interrompu par la deuxième vague du Coronavirus. Isabelle et Grégory s’en souviennent : « A une semaine près, on aurait pu voir ce film ! Nous étions impatients de revenir ! » signalent-ils.
sortie... sans contrôle !
25% d’occupation de la salle
A noter que ce couple de Montigny-le-Tilleul fait partie du groupe « Extinction Rebellion », un mouvement social International qui revendique l'usage de la désobéissance civile non violente.
« Pour manifester notre mécontentement face au gouvernement, nous portons des masques à tête de tigre et de lion » !
Isabelle et Grégory... rugissent !
A l’intérieur de la salle 1, une cinquantaine de personnes avaient pris place, alors qu’elle peut en accueillir 198, soit 25% d’occupation. « Nous comptions accueillir en tout 60 spectateurs, mais une dizaine d’entre eux n’ont pas pris leur place par solidarité pour le mouvement « Still standing for culture » pointe Angélique Parent, employée à l’accueil.
« Je suis vraiment content d’avoir revu des spectateurs heureux dans notre établissement » poursuit Matthieu Bakolas. « Nous avons respecté le protocole sanitaire à la lettre. Nous n’avons pas voulu ajouter de stress supplémentaire, comme la prise de température, par exemple, avant d’entrer. C’était bien comme ça… Et puis, la police n’a pas fait de contrôle : elle s’est seulement trompée d’un jour, en venant vendredi soir ! »
Le public à l'issue de la projection avec Matthieu Bakolas
Autre élément positif : le système de ventilation, installé en 2017, est aussi très performant… Espérons maintenant une réouverture complète prochaine des salles.
A L'ANCRE AUSSI
De son côté, l'Ancre mettait sur pied son premier « Let’s talk about ». Dans cette formule, les artistes ne se livrent pas à un récital, mais bien à un échange en toute intimité avec le public. Régulièrement invité à l’Ancre au cours de ses spectacles « Nés poumon noir » ou « Le grand feu » (en hommage à Jacques Brel), Simon Delecosse, alias Mochelan » ouvrait les talk-shows.
Les distances entre les spectateurs ont été bien respectées aussi à l'Ancre
L’enfant du pays a parlé de son parcours et de son univers musical, le tout émaillé d’anecdotes. Trois soirées sont encore programmées dans la saison.
Mochelan et Rémon Jr
Prise de température avant d'entrer à l'Ancre
Anne-Sophie de Fleurus, spectatrice ( à droite sur la photo) « On entend parfois que la culture est un secteur « non essentiel »: cela me fait littéralement bondir ! Depuis plusieurs mois, mon mari et moi sommes vraiment en manque… Alors quand nous avons appris qu’un théâtre rouvrait ses portes, nous n’avons pas hésité à nous inscrire. Nous nous attendions à ce que ce soit à Martinrou, puisque nous y avons un abonnement, mais à l’Ancre, c’est tout aussi bien. Une découverte pour nous ! ».
Jean-Michel Van Den Eeyden, directeur de l’Ancre : « Oui, bien sûr, l’ouverture des portes de l’Ancre, ce soir, est un acte de résistance et une prise de risques… Mais la culture, c’est toujours risqué ! En bravant un interdit, mon équipe et moi avons voulu montrer qu’il est parfois bon de désobéir. C’est le cas quand les décisions gouvernementales deviennent absurdes ou discriminantes par rapport à la culture. »
Simon Delecosse, alias Mochelan : « Je suis assez fier de commencer les talk shows à l’Ancre. Bon, c’est vrai, on a un peu l’impression d’être des hors-la-loi, mais le but n’est pas du tout de provoquer, mais bien signaler qu’il existe des alternatives, même en temps de crise. »
En fin de spectacle, la police est intervenue pour des contrôles d'identité, mais tout est rapidement revenu dans l'ordre.
JEAN-CLAUDE HERIN