CHARLEROI- Rive Gauche souffle sa première bougie
Il y aura tout juste un an ce vendredi 9 mars 2018, Rive Gauche ouvrait ses portes à Charleroi. Le centre commercial de 38.000 m² a trouvé son rythme de croisière, tiré par des locomotives comme Primark et Kiabi.
Thomas Cornil, le manager de Rive Gauche, a donc le sourire à l’occasion de ce premier anniversaire : "Le bilan de cette première année est tout à fait positif. Huit millions de visiteurs, c’est l’objectif qu’on espérait et qu’on attendait. Et on y est arrivé. Donc c’est vraiment une belle source de satisfaction. Nous devons encore nous développer sur deux axes dans les années qui viennent. Le premier c’est d’étendre la notoriété du centre commercial à des régions où on n’est pas encore fort présent : le Namurois, la région du Centre et le Brabant wallon pour augmenter la visibilité et la notoriété de Rive gauche. Et le deuxième axe c’est de développer l’interaction avec le centre-ville de Charleroi, de mettre en place des politiques de communication et de mobilité communes pour vraiment faire de Charleroi une destination de référence pour le shopping en Wallonie. "
Pour une meilleure intégration dans le centre-ville
Le manager de Rive Gauche voudrait aussi une meilleure intégration du centre commercial dans Charleroi. Un défi de taille pour Jean-Luc Calongé, le président de l’association de management de centre-ville. Cet expert estime notamment que certains aménagements empêchent les clients de sortir du complexe : "Le bilan est globalement positif mais, par contre, en tant que représentant de la gestion de centres villes en Belgique, on voit beaucoup de points qui devraient être améliorés relativement rapidement."
Selon lui, la première chose, c’est la porosité du centre parce qu’il y a effectivement une démarche qui a été faite, qu’il y a une volonté d’améliorer la porosité du centre mais, à certains endroits, on a quand même de vrais problèmes. Par exemple, il explique que la sortie du parking de Rive gauche pour arriver sur la place verte est extrêmement difficile: l’escalator ne fait que descendre et ne parvient pas à monter pour arriver sur la place verte.
"Toute personne qui va se parquer là-bas doit d’abord aller dans le centre de la galerie s’il veut sortir. Cela veut dire qu’il y a un problème de sens des escalators, un problème de signalétique parce qu’une fois qu’on est au milieu de la galerie, on ne sait pas par où on doit aller. Il n’y a pas de vrai blocage, ce n’est pas un problème structurel majeur mais il y a un vrai travail à faire puisqu’on sent que ce sont toutes des recettes traditionnelles de shopping center qui auraient pu être évitées. ça c’est clairement une vision d’architecte spécialisé en immobilier commercial et qui veut bloquer la clientèle", estime Jean-Luc Calongé.
Les commerçants des environs moins contents
Il y a plus d’un an, la venue du centre commercial dans le centre de Charleroi réjouissait de nombreux commerçants de la ville basse qui espéraient en tirer profit. Mais nombreux sont ceux qui déchantent aujourd’hui. Car, bien souvent, la fréquentation de leur magasin n’a pas augmenté. Elle a même parfois baissé.
Pour Karine, qui travaille au Royal, une brasserie qui a ouvert ses portes quelques mois avant Rive Gauche et juste en face, "Au début c’était très calme et puis une fois que ça a été ouvert, ça a commencé à bien marcher."
A une cinquantaine de mètres de là, au pied de la rue de la montagne qui a vu ses dernières grosses enseignes, comme C&A ou H&M, déménager vers Rive Gauche, le ton est déjà beaucoup plus critique. Lélina Pépé de la brasserie " Le Piéton " : " Depuis Rive Gauche, c’est vrai que les premiers mois ont été très effervescents mais pour ce qui est de la période d’hiver et depuis qu’il n’y a plus de commerces dans la rue de la montagne, nous sommes très lésés. "
Dans la rue de Dampremy parallèle au boulevard Tirou, la majorité des commerçants, à l’image de Pino, tiennent le même discours : "C’est bien qu’on ait fait Rive Gauche. Mais ça a tué la rue de la montagne et pour la rue de Dampremy je me pose des questions. On ne voit plus autant de monde qu’avant." Pour Lorinda, qui tient une boutique de vêtements depuis 28 ans dans la même rue, est du même avis que Pino : "Je ne suis pas tellement contente. Au début, je pensais que cela allait nous apporter plus de clientèle. Au contraire, il y a plus de monde en ville mais ce ne sont que les clients pour Primark qui arrivent et ce n’est pas une clientèle pour nous. C’est pire qu’avant."
Petite exception toutefois : Philippo Trupia a ouvert une boutique pour hommes quand Rive Gauche a été inauguré et, pour l’instant, il ne regrette rien. Que du contraire. Pour ce commerçant, le secret c’est d’être très présent sur les réseaux sociaux et de participer à des évènements en alignant aussi ses prix sur ceux des enseignes présentes dans le centre commercial. Vu le succès de son magasin, il a même décidé d’agrandir dans quelques jours en inaugurant un nouvel espace dédié aux femmes. Source RTBF