A travers le personnage de Muriel, Michelle Vercammen exprime tout le désarroi d'une femme aigrie par la vie. La comédienne carolo y fait son premier seule-en-scène.

Seule, désespérément seule, le soir d'un réveillon de Noël, Muriel a le sentiment d'être abandonnée... Ce n'est pas sur elle-même que cette quinquagénaire rejette le poids de cette solitude, mais sur sa mère, ses maris, sur la société en général... De plus, Muriel apprend que son mari, son seul et unique amour, la trompe, et pire que ça, qu'il la trompe depuis 10 ans ! Il s'ensuit un effondrement tragique d'une femme qui ne vivait que par et pour son mari. Elle doit aussi faire face à des reproches, à la suite du décès de Sylvie, adolescente. Voilà le propos de « La Femme rompue », un recueil de nouvelles publié en 1969 par Simone de Beauvoir, une auteure et féministe française réputée pour la rigueur et la magie de sa plume. Habituée des rôles comiques au Théâtre Marignan, Michelle Vercammen effectue un virage à 180% en incarnant le personnage sombre de Muriel.

« la femme, un être libre »

« J'insiste : je ne joue pas le personnage de Muriel, je le suis pleinement durant tout le spectacle. Ce que cette femme a vécu est un grand ascenseur émotionnel. J'ai accepté ce rôle comme un défi, car j'avais envie de changer de registre. Cela dit, j'apporte aussi quelques respirations et parfois un peu de légèreté dans un texte très dense » confie la comédienne carolo. « Le seule-en-scène était un véritable exercice de style pour moi, et j'en ai appris progressivement les codes ».

La mise en scène est signée Annick Poulain. « Tout comme Simone de Beauvoir, j'ai toujours pensé que la femme est un être libre qui a le droit de choisir son propre chemin dans la vie » fait remarquer cette dernière. « Ma soeur et moi avons été éduquées dans ce sens. Or, Muriel n'a jamais pu prendre sa destinée en main. Le texte a une certaine résonance lors de la Journée des Droits des Femmes ».

« La femme rompue » de Simone de Beauvoir par la Cie ClairObscur est à voir le 11 mars à 20h et le 12 mars à 15h, au Poche Théâtre, rue du Fort à Charleroi. Infos et réservations : 0494/40 34 34.

JEAN-CLAUDE HERIN

Le Focus autobiographique présente trois spectacles consacrés aux « Paroles de Femmes », ainsi que la Création : « En une nuit -Notes pour un spectacle ».

En lien avec la Journée Internationale des Droits des Femmes, et dans le cadre du focus autobiographique : « Me, Myself &I », le Théâtre de l'Ancre questionnera la place des femmes dans l'art à travers : « Alzeimer Project », « Wow » (Ca suffit) et « Sexplay », des spectacles au cours desquels des autrices, metteuses en scène et actrices parleront de leur vécu en tant que femmes. Le festival débutera par le spectacle : « En une nuit-Notes pour un spectacle », du 9 au 11 mars, au Palais des Beaux-Arts, à 20h. Près de cinquante ans après l'assassinat du cinéaste Pier Paolo Pasolini, sur une plage d'Ostie, quatre artistes : Ferdinand Despy, Simon Hardouin,  Justine Lequette, Eva Zingaro-Meyer partagent leurs « Notes » d'un spectacle à créer qui n'existe que dans leur imaginaire.

Sur scène, ou dans son laboratoire créatif, le collectif mène une enquête bouillonnante : que s'est-il passé ? Pourquoi et comment ? Les acteurs (ices) font des hypothèses sur les scènes à créer, en ébauchent d'autres, les réalisent parfois... En résonance à ce focus, une série d’activités seront proposées: table-ronde sur la place des femmes dans l’art, lectures citoyennes, workshops paroles de femmes, atelier création de fanzine autour d’un spectacle et d’une expo, rencontre sur la rivalité féminine... Infos : L'Ancre, 122, rue de Montigny. Infos et réservations : info@ancre.be – 071/314 079

J.C. HERIN

La céramiste franco-japonaise Asuka Takagi expose ses oeuvres au Vecteur, dont certaines sont inspirées des façades Art Nouveau de Charleroi.

Diplômée de l'Ecole de Recherche Graphique et animée par les mouvements Mingei et Arts and Crafts, l’animisme et le fantastique, Asuka Takagi, en résidence au Vecteur depuis un mois, réalise ses pièces à partir de terre cuite à très haute température dans un four prévu à cet effet.

Admirative des façades carolos de style « Art Nouveau », Asuka reprend, en les schématisant quelque peu, les formes et ornementations de portes, devantures et bâtiments de la Ville. « J'avais envie de mettre en avant ce type d'architecture du début du 20ème siècle, qui fait la part belle aux courbes végétales » signale Asuka. « Dans mes oeuvres, il y a souvent une part d'imprévu, car toute production de céramique, du modelage à la cuisson, est toujours un peu aléatoire ». Une particularité : la plasticienne met de la bière de Chimay pour donner un côté plus brillant à ses céramiques.

L'artiste crée également des chopes à 4 anses, un clin d'oeil à la légende de Charles Quint qui, faisant halte dans un cabaret de Walcourt, fit envoyer à la serveuse une chope à 4 anses. L'exposition « Clay in life » est à voir jusqu'au 31 mars au Vecteur, rue de Marcinelle, 30 à Charleroi, les mercredis, vendredis et samedis, de 14h à 18h. Pour toute info : 071/278 678. Vecteur.be

JEAN-CLAUDE HERIN