MONT-SUR-MARCHIENNE AU COEUR DES QUARTIERS
Mont-sur-Marchienne compte de nombreux joyaux architecturaux, mais la plupart d'entre eux mériteraient d'être restaurés. C'est le constat que dresse André Sevrin (88 ans), historien local, et amoureux fou de la commune.
Le château de la Torre
La base d'une des tours est en travaux
« A Mont-sur-Marchienne, il y a un « je ne sais quoi qui plaît » a pour habitude de dire André Sevrin. « C'est sans doute ce mélange entre ville et campagne, qui lui confère autant de charme... »
André Sevrin
Né à Châtelet le 5 février en 1934, cet ancien cadre au CDC (Câblerie de Charleroi), professeur de connaissance de gestion à l'Institut Sainte-Anne à Gosselies et enseignant au CEFA, a déménagé à Mont-sur-Marchienne en 1964. Il habite à la rue Nestor Bal, connue autrefois pour être le lieu d'animation de la grande brocante « Echène à l'Uche ».
Historien régionaliste, il est l'auteur de publications concernant Châtelet, Mont-sur-Marchienne, dont 2 tomes de « Mont-sur-Marchienne » en cartes postales anciennes et « Mont-sur-Marchienne/Mémoire en images », la Route Napoléon 1815, en collaboration avec Robert Arcq, connu pour ses recherches sur l'épopée napoléonienne,... En tant que membre du Comité « Société d'Histoire de Châtelet, il a participé au tournage d'un film consacré au peintre René Magritte.
Le château de La Torre
En parcourant le Centre de Mont-sur-Marchienne, André Sevrin ne manque pas de voir toutes les belles réalisations. Mais il déplore aussi l'état dans lequel se trouvent certains bâtiments. Le Centre Culturel, dont la façade et le bar mériteraient bien un sérieux coup de peinture et quelques restaurations, par exemple. Ou encore la base « rafistolée » d'une des deux tours de l'ancien château de La Torre ou encore les murs lézardés de l'église Saint-Paul, qui portent les armoiries du château.
Un mur délabré à l'église Saint-Paul
« Quel dommage de ne pas entretenir davantage ce beau patrimoine ! » regrette l'ex-président du Cercle d'Histoire de Mont-sur-Marchienne.
Précisons que les origines de l’ancien château-ferme remontent principalement au 16ème siècle. La famille de la Torre est propriétaire du domaine pendant près de 300 ans. En 1924, le domaine devient la propriété de la société Allard. Le château est restauré et ses abords aménagés. Une procédure de classement est entamée mais n’aboutit pas. En 1941, 5 ans après la mort de Joseph Allard, le domaine est vendu à un promoteur immobilier. Le château est quasi entièrement démoli au cours des années suivantes. Un nouveau quartier naît à l'emplacement du domaine. Seules deux anciennes tours sont préservées de la démolition ; elles sont classées en tant que monuments en 1989.
JEAN-CLAUDE HERIN
Mont-sur-Marchienne vient de Mons (z) et Marcius
D'après l'historien A.G.Chotin, le nom de Mont-sur-Marchienne viendrait de Marcianus, sous-diminutif de Marcius, d'où la villa de Marcianus. L'ex-journaliste de la RTBF Jean-Jacques Jespers précise que le suffixe- ianus ferait référence aux propriétés de Marcius. Au 9ème siècle, Mont-sur-Marchienne et les localités voisines appartenaient au monastère de Lobbes.
La première mention de « Mons » provient du polyptique de Lobbes en 868. Une liste plus récente, de la fin du 10 ème siècle, offre, quant à elle, la graphie « Monz », faisant référence à une butte, un lieu idéal pour se défendre. Mont-sur-Marchienne a fait partie intégrante, pendant des siècles, de la Principauté de Liège, sous la tutelle d'évêques allemands. Au 13ème siècle, les avoués de Thuin sont devenus également détenteurs de Marchiennes (avec un s) et de Mont-sur-Marchienne.
Les villages ont été réunis en une seigneurie unique dite de Marchiennes. En 1606 et 1703, la seigneurie de Marchiennes a été démembrée et engagée par les Princes-Evêques à de grandes familles : des « Bilquin » aux « de Cartier ».
Pierre-Joseph Leclercq, dernier guide de Napoléon
Le 12 novembre 1787, Pierre-Joseph Leclercq, un habitant de Mont-sur-Marchienne, est conscrit en 1807 dans les listes du Département de Jemappe, et incorporé au 9ème Hussards (Corps de Cavalerie Légère). Sa vaillance et son intelligence au combat, notamment lors des opérations militaires de Saragosse ( 1808), de Valence ( 1812) et de Barcelone, lui ont valu d'être nommé maréchal chef des logis chef en 1812. Grièvement blessé, il a été réformé en 1814. L'intéressé s'installe dans une coquette maison, à la rue nommée actuellement Séraphin Antoine.
Le 19 juin 1815, après la grande confrontation de Waterloo, et lors de l'ultime retour en France, l'Empereur, arrivé près d'un carrefour de Couillet Queue, remarque un « paysan belge » qui fraternise avec des Lanciers du 6ème Régiment. Ce paysan n'était autre que Pierre-Joseph. Napoléon s'approche de lui et lui demanda de le conduire à Philippeville. Très fier de l'honneur qui lui était fait, l'ancien hussard acquiesce immédiatement. Pour remplir sa mission, il reçoit un cheval, un pistolet et un sabre.
A 24 ans, Jean-Pol Demacq bourgmestre !
Jean-Pol Demacq à son domicile
Si un bourgmestre, tant pour ses compétences que pour ses contacts chaleureux avec ses concitoyens, a bien marqué l'Histoire de sa commune et la Ville de Charleroi en tant qu'échevin de l'Enseignement, de la Culture et de l'Action Sociale, 1er échevin et bourgmestre faisant fonction, c'est bien Jean-Pol Demacq. Aujourd'hui âgé de 73 ans, cet assistant social de formation n'exerce plus de fonction politique à Charleroi depuis sa démission en 2007 (suite aux « affaires »).
Il est aujourd'hui vice-président de l'Union Socialiste de Montigny-le-Tilleul/Landelies, aux côtés de sa fille Florence. Bien que le parti l'ait nommé bourgmestre de Mont-sur-Marchienne en 1971, il n'exercera réellement son mayorat, à cause d'obligations militaires, qu' en 1973 : à l'âge de 24 ans, il devient le plus jeune bourgmestre de Belgique, jusqu'à la fusion des communes en 1977.
fier de quatre réalisations
« Ce dont je suis le plus fier ? Avoir pu apporter ma (grosse) pierre à l'édifice pour le Musée de la Photographie, la SPA (qui était autrefois à la rue Vital Françoisse à Marcinelle), l'Institut Jules Destrée et le Centre de Loisirs. Si j'avais été bourgmestre de Mont-sur-Marchienne plus longtemps, j'aurais créé un parcours public reliant ces quatre institutions, avec le parc comme lieu de promenade » pointe l'intéressé.
Aujourd'hui Jean-Pol est affaibli physiquement, mais son moral reste au beau-fixe. « Je suis vraiment heureux en compagnie de mon épouse, des mes filles et de mes petits-enfants. Et puis, mon chien- un Airedale terrier- me laisse rarement tranquille ! ».
Notons aussi que de 1970 à 2013, Jean-Pol Demacq a exercé les fonctions de directeur à temps plein du Département d'Aide à la Jeunesse.
Joseph Allard a créé les Aciéries Allard
Retenons aussi d'autres noms de bourgmestres. Originaire de Mont-sur-Marchienne, François Clément Jennar a été le premier bourgmestre de Mont-sur-Marchienne de 1810 à 1843.
- Figure de proue du socialisme carolo, et journaliste au Journal de Charleroi, Jules Bufquin des Essarts a exercé la fonction de bourgmestre faisant fonction entre 1912 et 1914
- Joseph Allard a été bourgmestre de 1927 à 1933. L'Histoire retiendra de lui la création d'une entreprise organisée en société anonyme, à savoir la S.A. Usines et Aciéries Allard.
- Emile Dutilleul a été bourgmestre de 1934 à 1974. Sous l'Occupation allemande, il a fait partie du réseau de résistance Socrate. Il a principalement amélioré la voirie et l'égouttage et a créé des infrastructures sportives. Il était féru de théâtre wallon. André Sevrin fait remarquer que l'Histoire du mayorat à Mont-sur-Marchienne s'équilibre parfaitement entre socialistes, chrétiens et libéraux.
J.C.HERIN
Théâtre et musique au Centre Culturel
Le Centre Culturel a été inauguré en septembre 1925, avec comme enseigne le Cercle Industriel l'Etoile. La fermeture de cinémas comme L 'Etoile, le Plaza ou le Casino ont permis des agrandissements du local. Après 1970, l'édifice ne porte plus son nom d'origine et accueille des activités telles que le théâtre, les fêtes scolaires, les expositions d'art et histoires, les concerts,...
Attachée depuis plus de 10 ans au Centre Culturel, La Compagnie des Loufs existe depuis 20 ans. Elle est dirigée par Jean-François Lacroix, son metteur en scène. La troupe y alterne comédies du répertoire de vaudeville et pièces originales au gré de découvertes dans la littérature théâtrale. « C’est ainsi que nous montons des pièces pas nécessairement connues du grand public et dont le côté pointu dans l’écriture ou dans le contenu est un des arguments de leur choix par la troupe » signale Maryse Neirynck, comédienne et chargée de la communication. Les Loufs collaborent aussi avec le Cercle et le Théâtre wallon.
Représentation du Monstre
Thalès Alenia Space
Ina Maller, directrice générale, à côté d'un lanceur Ariane.
Depuis 1963, Thales Alenia Space est installé dans les bâtiments des ACEC, d'abord sous le nom d'ETCA puis sous son nom actuel, au 101, rue Chapelle Beaussart. L'entreprise belge, qui emploie 750 travailleurs, comprend trois sites : Mont-sur-Marchienne, Leuven et Hasselt. La surface de Mont-sur-Marchienne est de 35 000 m², ce qui en fait le plus grand des trois. Depuis 2019 , Ina Maller en est la directrice générale.
Depuis sa création, Thalès Alenia Space participe à la plupart des programmes spatiaux européens et à un grand nombre de lancements de satellites internationaux. « Nous sommes un leader mondial du conditionnement et de la distribution d'énergie à bord des satellites. Notre gamme de produits couvre les besoins des microsatellites d'observation jusqu'aux satellites géostationnaires de télécommunication » explique Emmanuel Goedseels, partner.
« Avec Ariane, c'est une longue histoire. Nous sommes, en effet, le plus important fournisseur d'électronique de bord d'Ariane 5. Nous concevons et fabriquons pour chaque Ariane V 50% de son électronique ». A noter que l'entreprise a le vent en poupe: 50 postes sont ouverts à des ingénieurs, techniciens et opérateurs, hommes et femmes.
Les postes vacants se trouvent sur le site thalesgroup.com. Les candidats peuvent aussi participer au Summer Space Festival à Bruxelles les 24/25 juin : https://summerspacefestival.fr/fr
J.C.HERIN
Le Corto : Permettre aux jeunes autistes de se construire
Pierre Hannard, directeur général, dans le local « bien être ».
Depuis 1977, Le Corto ouvre ses portes, à la rue Mayeuri, à des enfants et des adolescents atteints d'autisme. Le Centre se définit comme un service d’accueil individuel et familial, d’accompagnement de l’enfant et de sa famille et de soins pédopsychiatriques de jour. 28 jeunes, répartis en trois groupes d'après les âges (oursons, libellules et papillons) le fréquentent actuellement.
« Notre crédo : unir nos forces, nos différences, nos raisons et nous résonances autour et avec les jeunes qui nous sont confiés » précise Pierre Hannard, Directeur Général. « Nous souhaitons garantir à chaque jeune un espace–temps où il pourra se construire et évoluer en toute sérénité.
Pour ce faire, nous osons le vrai dialogue et la réelle ouverture au réseau dans le respect et l’écoute des spécificités de chaque partenaire ».
L'encadrement est une priorité, puisque chaque jeune est encadré par un psychologue, un ergothérapeute et un éducateur. Le Corto dispose d'un vaste cadre aéré, ainsi que d'un local « bien être » où tous les sens sont mis en éveil.
Parcours littéraire et photographique au Brun Chêne
une promeneuse équipée d'un smartphone
Inaugurée en 2014 à l’initiative de l’ASBL Val d’Heure, gérée en collaboration avec Natagora, avec la contribution de Sagrex et le partenariat de la ville de Charleroi, la réserve naturelle du Brun Chêne, à la rue Pont-à-Nôle, au nord du Ring 3, occupe le site de deux anciennes carrières de calcaire jouxtant le cours de l’Eau d’Heure.
Au détour d'un sentier, le visiteur découvrira d'anciens fours à chaux. Le site, anciennement exploité par Gralex, est connu aussi pour sa biodiversité : il héberge, en effet, différentes espèces d'amphibiens, de reptiles, de papillons,... Récemment, la bibliothèque A.Langlois a inauguré un parcours littéraire et photographique intitulé « Yvan Delacroix, Fragments de parcours ».
« Tout a commencé pendant le confinement de l'hiver 2021. Céline Lefèvre a organisé des sessions numériques, au cours desquelles les participants de l'atelier d'écriture ont créé un personnage commun : Yvan Delacroix, 29 ans, couvreur de profession, qui parfois se laisser embarquer par la vie et rêverait d'un ailleurs » explique Bénédicte Rasseaux, chargée de projet en bibliothèque. « Chacune des stations d'écriture devient l'étape d'une balade. Elle est balisée par un QR Code gravé sur une plaquette d'ardoise. Scannez-le, vous entendrez le fragment d'un texte lu par son auteur, qui résonne dans une image ».
Pour tout contact : benedicte.rasseaux@hainaut.be – 071/552 125 ou 0495/71 92 58.
JEAN-CLAUDE HERIN