Alain Forti, conservateur, Jean-Louis Delaet, directeur du Bois du Cazier, et Charlotte Jeuniaux, chargée de communication
La reconstitution d'un baraquement est visible à l'entrée du Bois du Cazier. Orpheline de son père décédé dans la catastrophe, Loris Piccolo ( 69 ans) a vécu dans ce type d'habitation de 1948 à 1956.
Eh oui, le mot " barakî " - utilisé à toutes les sauces aujourd'hui, mais plutôt péjorativement!, - vient du nom "baraquement".
Pour donner au public une image fidèle des lieux dans lesquels les mineurs italiens furent accueillis en Belgique, une pièce de séjour a été reconstituée au Bois du Cazier. Certes, l'espace est un plus petit qu'en réalité, et il manque les chambres.
En compagnie de ses parents et de ses deux frères, Valter et Marino, Loris Piccolo ( 69 ans ), une habitante de Marcinelle, a vécu dans un baraquement similaire, au Sart-Nicolas, jusqu'en 1956, année où son père Ciro Natale a trouvé la mort dans la catastrophe. L'intéressée possède encore un contrat original. Sa famille a déménagé ensuite à la rue de Nalinnes. La réplique rappelle bien des souvenirs à Loris. " La pièce de vie avec l'armoire, les poêles, la table, les chaises,... tout cela correspond tout à fait à ce que nous avons connu. Je me souviens tout particulièrement de cette bassine d'eau, qui servait à tous les usages, et que nous transportions sur une petite charrette " signale-t-elle. " Les conditions étaient très dures dans ce type de logement fait de tôles. Il y faisait très froid en hiver et mourant de chaud en été. Un point positif tout de même: même les familles étaient de nationalités différentes, l'entente était très bonne entre nous."
Loris Piccolo
Loris et sa famille
Loris Piccolo, orpheline, reçoit la soupe distribuée dans les baraquements, après l’accident du 8 août.© Camille Detraux - Raymond Paquay
Un appel est lancé !
Dans cette solidarité autour de ce projet, pointons Vincent Vincke, le concepteur-entrepreneur-décorateur d'intérieur , Alain Forti, conservateur au Bois du Cazier, ainsi que Sergio Aliboni, également un ancien des camps, ayant travaillé dans les Charbonnages de Monceau-Fontaine à la rue Georges Tourneur à Marchienne-au-Pont. Des dons provenant d'objets personnels, souvent remisés dans un grenier, retrouvent ici le devant de la scène.
"Qu'ils soient en bois, en métal, les baraquements à l'origine étaient subdivisés par des cloisons intérieures en plusieurs logements unifamiliaux que chacun s'appropriait en fonction de ses moyens, ainsi qu'avec un grand sens de la débrouille" précise Jean-Louis Delaet. " Au départ, ces habitations avaient été construites pour 52 000 prisonniers de guerre allemands. Par la suite, elles ont été occupées par 50 000 immigrés italiens, qui venaient bien souvent avec leur femme et leurs enfants. Pour les patrons, la famille était un facteur de stabilité. "
Un appel est lancé pour d'autres témoignages et dons.
JEAN-CLAUDE HERIN
Le site du Cazier est accessible tous les jours sauf le lundi de 9h à 17h, et le week-end de 10h à 18h. 071/88 08 56. Attention: réouverture du site le mardi 10 janvier
2017: en solidarité avec les 323 victimes de l'Inno
Avec le film sur la révolution industrielle, la peinture murale de Charles Szymkowicz et l'ancien camion de la centrale de sauvetage, la reconstitution du baraquement fait toujours partie des 4 "musts", cette année. En projet pour 2017: une grande exposition en lien avec le 50ème anniversaire de l'incendie de l'Innovation à Bruxelles , survenue le 22 mai 1967. Les témoignages sont aussi les bienvenus!
Le Bois du Cazier mettra tout particulièrement ses terrils à l'honneur. Un dossier a été introduit auprès du ministre du tourisme René Collin pour un réaménagement.
Le Cazier sera partenaire de la mise en valeur du Mémorial sidérurgique HF 4.
Une année encore bien remplie pour le site, qui , en 2016, a battu un record de fréquentation: on s'approche actuellement des 60 000 visiteurs ! JCH