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  • HISTOIRE LOCALE- La Madeleine aurait pu s'appeler "Tour Notre-Dame de Heigne"

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    Coloniaux 1977 sur la place Malavée 

    D'où vient le nom de "La Madeleine" à Jumet ? De la disciple de Jésus dont la fête a lieu le 22 juillet. Si l’année 1380 est retenue comme celle de la première marche, les origines se perdent, en fait, dans la nuit des temps.

    JEAN-CLAUDE HERIN 

    Outre le cortège religieux, généralement accompagné de plus de 500 pèlerins, ce sont 48 sociétés, rassemblant 1813 marcheurs et 617 musiciens qui partiront, ce dimanche 20 juillet, dès 4 heures du matin, de la chapelle Notre-Dame de Heigne (12ème siècle, classée) pour effectuer un périple de 22 kilomètres à travers les communes avoisinantes : Roux, Courcelles, Viesville, Thiméon, Gosselies. Par son ancienneté et ses caractéristiques, La Madeleine est "cousine" de la Sainte-Rolende à Gerpinnes, de la Saint-Feuillien à Fosses-la-Ville, des Saint-Roch à Thuin et à Ham-sur-Heure ou encore de la Trinité de Walcourt. Marie-Madeleine a donné son nom à cet événement tant attendu par les Jumétois. 

    " La dédicace (consécration solennelle) de l’église d’Heigne a lieu le 22 juillet, jour de la fête de sainte Marie-Madeleine, cette femme reconnue pour sa dévotion à Jésus. La procession anniversaire annuelle avait donc lieu le jour de la dédicace, « à la fête de sainte Marie-Madeleine », devenu « à la Madeleine ». Ce nom est resté... mais le choix aurait pu se porter sur celui, plus local, de Notre-Dame de Heigne, la sainte vénérée à Jumet " fait remarquer Pierre Arcq, historien local. 

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    Pierre Arcq, historien local- photo : JCH

    S'agit-il, cette année, du 645ème Tour de la Madeleine? Oui, à en croire le Jumétois François Bastin-Lefèvre qui, le premier, cite la date de 1380 dans son ouvrage: "Jumet, Heigne, Roux et Sart-les-Moines", une compilation d'actes parue en 1895. " Ce notaire reprend la théorie de la procession organisée en vue d’obtenir la guérison de la châtelaine de Heigne, malade de la peste. C'est le premier à donner une année aussi précise, mais jusqu’ici, on n’a retrouvé la première mention écrite de la Madeleine que dans un testament datant de 1701 " poursuit Pierre Arcq. 

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    Les Tirailleurs Sénégalais - 1921 

    De nouvelles sociétés au 19ème siècle.

    Mais il est plus que probable que les origines de cette marche soient plus anciennes. Divers indices, notamment le passage où les danseurs se trémoussent à la « Têre al Danse » à Thiméon, font croire à un antique rite païen qui aurait été christianisé lors de l’évangélisation de la région. De procession religieuse, la Madeleine aurait pris son caractère folklorique après la Révolution française. Si, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, les processions escortées ont été (et restent) profondément imprégnées du souvenir napoléonien (1er et 2e Empire), il n’en va pas de même à Jumet, où les influences se sont diversifiées. Car, contrairement à l’Entre-Sambre-et-Meuse qui est restée largement rurale, Jumet est une commune industrielle, marquée par deux industries : l’extraction minière et la verrerie. Ce sont les verriers, des ouvriers spécialisés, fiers de leurs privilèges et relativement aisés, qui ont donné à la Madeleine le visage que nous lui connaissons actuellement.

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    Les Monténégrins 

    " Il est frappant de constater qu'au cours du 19ème siècle, divers événements, comme la guerre des Boers, l'envoi de la Légion belge au Mexique, la guerre russo-chinoise, le colonialisme, la guerre au Monténégro, la guerre de Sécession, la campagne d'Egypte de Napoléon (Mamelouks de la Garde Impériale), l'expatriation des verriers belges en Russie ou aux Etats-Unis,... sont à l'origine de la création de nouvelles sociétés. Certaines arrivent, d'autres partent... Depuis 1975, elles se sont stabilisées, les nouvelles deviennent rares, mais il y a des renaissances, comme cette année avec les Saint-Cyriens et les Marins français" signale Pierre Arcq. 

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    Les Mameluks remontent à la période naopoléonienne 

    Pierre Arcq: Jumétois passionné comme son père 

    Le Jumétois est né à la rue Anseele, artère clé de Heigne, et habite encore actuellement dans la maison qu'occupaient ses ancêtres depuis 1865. "On peut dire que, tout petit, je suis "tombé" dans la Madeleine", comme Obélix dans la potion magique!" s'exclame-t-il. Son goût pour l'Histoire locale et l'amour du wallon, Pierre les doit certainement à son père Robert (1925-1994), professeur aux Aumôniers du Travail, marcheur dans la société des Matelots, écrivain et poète wallon, illustrateur, et auteur des ouvrages: " Jumet, Pages d'Histoire" et "Jumet, en flânant". En 1994, Pierre devient membre des Amis de la Madeleine et secrétaire de 1996 à 2016 (il a reçu une médaille pour ses 20 ans). En parallèle, il a été coordinateur de l'association El Mojo dès Walons, fonction qui lui a permis d'écrire et de travailler des textes en wallon sur la Madeleine, et surtout d’être la cheville ouvrière du dossier remis à l’UNESCO pour la reconnaissance des marches au Patrimoine mondial de l’Humanité, qui a abouti positivement en 2012. S'il n'exerce plus aujourd'hui de fonction officielle dans la Madeleine, Pierre se tient toujours au courant de l'évolution du Tour, et disponible pour partager ses connaissances. 

    J.C.Hérin