La luna nera

Anne Courtoy et Jos Tontlinger exposent leurs photos au Bois du Cazier. Chaque œuvre de l’un trouve son pendant chez l’autre. A voir jusqu'au 8 septembre.

L'image et le métal fusionnent, l’image devient le métal, le métal devient image, le sujet devient l’objet... Les compositions d’Anne Courtoy conduisent naturellement aux images de Jos Tontlinger : du charbon au métal, du sous-sol à la surface, du passé au présent… L'ouïe du ventilateur de surface, visible en permanence dans la grande salle au Bois du Cazier, a été une source d'inspiration pour « La Luna nera ». « Tout est circulaire dans cette oeuvre. Un cercle dans la colonne d'un haut-fourneau ou encore un disque sur le papier carbone » expliquent les poètes plasticiens. « Notre expo est avant l’histoire de la fusion artistique entre deux matières, le charbon et l’acier, que la Révolution industrielle a rendu inséparables ».

Jos Tontlinger imprime ses photographies numériques directement sur métal grâce au procédé CromaLuxe. Ses œuvres capturent des lumières et ombres profondes. Anne Courtoy réinterprète des sites photographiés en intégrant collages, coloriages et empreintes de carbone marquées à la pioche dans ses tirages argentiques. Dans « Fragments d'un discours incandescent » et sur d'autres clichés, elle apporte une touche de couleur à un univers très gris. Trente ans d'écart séparent généralement les photos : plus anciennes, chez Anne Courtoy, plus récentes pour Jos Tontlinger. Chaque composition comporte un titre unique. Les différentes pièces ne sont pas juxtaposées, elles se fondent jusqu’à former une œuvre unique et commune. Des régions industrielles emblématiques comme la Wallonie, la Ruhr ou encore la Lorraine ont ainsi prêté des décors à leur imagination créatrice.

L'expo « La Houille aciérisée » est à voir jusqu'au 8 septembre 24, au Bois du Cazier à Marcinelle. Du mardi au vendredi En semaine de 9h à 17h. Samedi, dimanche et jours fériés de 10h00 à 18h00. Prix plein : 9 euros. Infos et réservations : 071/ 29 89 30. reservation@leboisducazier.be

Fragments d'un discours incandescent

Laura Henno à guache sur la photo 

Pleins feux sur les clichés d'une « Amérique oubliée » de Laura Henno au Musée de la Photographie. A noter aussi un projet avec le Verseau, école de Gilly.

«  Si j'ai fait mes études de photographie à l'ENSAV à La Cambre, je considère toujours le Musée de la Photographie comme un pilier de ma culture photographique » soulignait Laura Henno, lors du vernissage de son exposition « Outremonde ». « Comme on le voit à travers les clichés en grand format de cette photographe française, les Etats-Unis sont bien le pays de tous les extrêmes » faisait remarquer Xavier Canonne, directeur du Musée.

Depuis 2017, Laura Henno a entamé́ un reportage photographique au long cours au sein du campement de Slabcity. Plusieurs fois par an, elle s’installe dans une caravane de cette cité perdue située au cœur du désert californien, ce campement sauvage qui accueille une communauté de marginaux. « Slab City est un endroit emblématique d'une « autre » Amérique » poursuivait Laura Henno. « Dans cet horizon vaste, brûlé et sans aucune commodité (s ans eau, électricité, sanitaire,...), je me suis attachée aux personnes qui y vivent, sans sentimentalisme ni misérabilisme ».

Les nouvelles expos présentent également des photos du 19ème Prix National de Photographie Ouverte, pour laquelle pas moins de 353 envois se sont disputé les faveurs du jury, ainsi qu'un projet avec des étudiants de l'école secondaire INRACI section photo en collaboration avec Le Verseau, école de coiffure et d'esthétique de Gilly. Pendant plusieurs semaines, les élèves de cet établissement ont élaboré des coiffures et des maquillages sophistiqués tandis que les élèves de photographie ont façonné l'éclairage afin de mettre le modèle en valeur. Les expos sont accessibles jusqu'au 29 septembre 2024, du mardi au vendredi de 9h à 17, et les samedis et dimanches de 10h à 18h, au musée de la Photo, 11, avenue Paul Pastur à Mont-sur-Marchienne.

JEAN-CLAUDE HERIN 

En collaboration avec le Verseau 

Prix Photographie Ouverte 

Le BPS 22 consacre deux expositions d'envergure aux artistes hainuyers Alain Bornain et Eric Fourez. A voir jusqu'au 1e septembre.

« Mes oeuvres ne se livrent pas facilement. Elles entrent en résistance quand on les découvre. Chacune d'elle est l'occasion d'une réflexion sur le temps et l'effacement, mais aussi sur l'identité, la mémoire, la finitude en toute chose, les hasards de l'existence,...» confie Alain Bornain. Professeur à l'Académie de Charleroi depuis 2019, l'artiste marcinellois voit son cheminement artistique de ses 25 dernières années retracé au rez-de-chaussée de la salle Pierre Dupont, à travers 2 nouvelles séries de peintures sous le titre : « Amourable ».

« Les références ou traces que j'utilise, évoquant les sciences, sont fréquentes. Une structure d’une chaîne ADN, des formules mathématiques, un code binaire, des statistiques… sont autant d’emblèmes par lesquelles l’homme occidental accède à la constitution de son être » poursuit-il.

Entretenant un rapport très actuel à l’image, Alain Bornain varie les genres : peintures sur toile, sculptures, objets, installations, dessins, ost-it ou papier à imprimante,... Le visiteur sera surpris par la très grande dimension de ses oeuvres, dont certaines ne se dévoient qu'en prenant beaucoup de recul.

Ainsi, une de ses toiles, qui pourrait apparaître comme abstraite vue de très près, révèle en réalité une multitude de personnes, par un assemblage subtil de taches blanches et noires.

Eric Fourez 

La seconde exposition : «  Sur les traces de la mer du Nord » présente les oeuvres de Eric Fourez. D'abord intéressé par l'hyperréalisme, le plasticien s'en est rapidement distingué en optant pour une peinture monochrome à tonalité bleue, légère et lumineuse, qui lui permet de décliner ses sujets de prédilection que sont les vues de la mer du Nord.

A voir aussi « Merci Facteur » Mail Art #8 de Jef Lambrecht. Les expos se visitent jusqu'au 1er septembre 24, au BPS 22, bd Solvay, 22 à Charleroi, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix plein : 6 euros. Tél. 071/ 27 29 71. info@bps22.be bps22.be

Lors du vernissage

Le transat et la mer...