Entre Dominique et sa maman, des liens indéfectibles
Six ans après le décès de sa maman, à laquelle elle était tant attachée, Dominique Delescaille (50 ans) se reconstruit lentement. La journaliste de Mont-sur-Marchienne, diagnostiquée Haut Potentiel, raconte son incroyable parcours de vie personnel, dans un roman bouleversant : « Seule ma mère comprenait » (Lilys Editions). Rencontre avec l’autrice.
Votre premier roman « Ma grand-mère, cette jeune Polonaise morte à Auschwitz » était une quête. « Seule ma mère comprenait » est une autobiographie. Pourquoi ce changement ?
Dominique Delescaille : Les deux se rejoignent en fait, car il s’agit, dans les deux cas, d’histoires vraies qui me concernent. A l’instar de mon premier opus, « Seule ma mère me comprenait » est aussi une quête d’identité, en quelque sorte.
NG : Valentine, l’héroïne, est un peu votre miroir, voire votre « alter ego ». Une façon de vous protéger, étant donné que vous êtes une personne à Haut Potentiel ?
DD : Parler à la première personne aurait été impossible pour moi.
Le personnage de Valentine, dans lequel je me projette complètement, m’autorise cette forme de détachement. Mais rien n’est romancé. J’ai choisi cette forme d’écriture certainement par pudeur et pour éviter un sentiment d’imposture. Cela est lié au fait que je suis HP, avec les problèmes d’intégration que cela comporte. Je ne l’ai appris qu’à l’âge de 42 ans.
Toute modestie gardée, je fais partie des 5 % de la population qui fonctionne le plus rapidement au monde : mon cerveau est "en arborescence » : il fonctionne quasiment 24 heures sur 24 ! "
Vous rêviez d’être hôtesse de l’air, vous avez été caissière, journaliste en presse écrite (dont à la Nouvelle Gazette) et audio-visuelle, présentatrice de spectacles, « Madame Télévie », … Ce côté « touche à tout » était plutôt un atout ou non ?
D.D. : Oui et non. Comme je me lasse très vite, étant donné mes aptitudes, j’ai toujours eu besoin de diversifier mes activités. Cela m’a permis d’aller à la rencontre d’un maximum de gens dans des catégories professionnelles et sociales très différentes, avec lesquelles je suis toujours très à l’aise.
J’ai toujours eu l’envie d’en faire plus. Si certains prennent ça pour de l’instabilité, il n’en est rien. J’ai toujours un peu peur également de ne pas être « à la hauteur ».
Eprouver une réelle empathie pour les gens fait partie de votre ADN. Or, cette qualité vous a joué bien des tours dans votre vie professionnelle…
D.D. En effet. Je me souviendrai toujours de la réflexion d’un patron qui m’a déclaré : « Vous êtes trop proche des gens » ! Heureusement, j’ai pu décrocher plusieurs interviews, notamment dans des reportages d’investigation. Parmi les types d’intelligences, j’ai développé celle de l’intelligence intra-personnelle. J’analyse beaucoup les comportements
Par exemple, certaines attitudes choquantes, que d’aucuns trouveraient anodines, peuvent me blesser profondément. Un autre trait de caractère est que je mène des combats, là où beaucoup jetteraient l’éponge…
JEAN-CLAUDE HERIN
« Seule ma mère comprenait » par Dominique Delescaille, chez Lilys Editions. www.LilysEditions.com - www.Lilys.shop. 257 pages. 20 €.
Dominique Delescaille
Louise Lewkowitz, trait d’union entre les deux romans
Dans « Ma grand-mère, cette Jeune Polonaise morte à Auschwitz » (éditions Jourdan), Dominique Delescaille marche sur les pas de sa mère, Louise Lewkowitz, laquelle a toujours vécu en pensant avoir été abandonnée par sa mère biologique. En fait, cette dernière était une jeune juive polonaise, déportée à Auschwitz en août 1942. Ce n’est que bien des années plus tard que Dominique décide de mener l’enquête. Louise Lewkowitz, rebaptisée Liliane Demeuter, a été recueillie par un couple qui la protégera des Nazis. Ce n’est qu’à l’âge de 68 ans que « Liliane » découvre une photo, un visage tant attendu, celui de sa mère biologique.
La figure de Louise Lewkowitz est aussi centrale dans « Seule ma mère comprenait ». Elle est la confidente privilégiée de Dominique. Alors quand celle-ci apprend son décès, après des souffrances indescriptibles, le monde semble s’effondrer… En cette période de confinement, cette absence est vécue encore plus durement pour l’autrice, et la plonge dans une profonde solitude. La mort touchera aussi l’unique frère de Dominique, à l’âge de 54 ans, 2 mois seulement plus tard après la disparition de sa maman.
J.C.HERIN