Entre Gilly, où elle a grandi, et les quartiers populaires du Caire, Pauline Beugnies pose un regard optimiste sur la jeunesse. A travers l'expo au Musée de la Photographie : " Génération Tahrir", la photojournaliste témoigne du réveil de la population égyptienne dans les manifestations de 2011.
La place Tahrir ( littéralement place de la "Libération") est tout un symbole au Caire. Les manifestations anti-Moubarak y ont éclaté, en 2011. C'est aussi dans la capitale de l'Egypte que Pauline Beugnies a vécu pendant 5 ans, en effectuant plusieurs allers-retours. La jeune journaliste et photographe carolo n'en était pas à ses premiers voyages. Après ses études de journalisme à l'Ihecs, elle a roulé sa bosse un peu partout dans le monde et réalisé des reportages sur fonds propres en Albanie, au Congo, au Bengladesh,... Mais c'est l'Egypte qui a retenu plus particulièrement son attention. " Ça faisait un bout de temps que l'idée d'apprendre l'arabe dans ce pays était présente. J'avais besoin de comprendre pourquoi notre société avait tant de mal avec cette partie du monde" . La jeune fille a finalement trouvé une bourse via le CGRI en Egypte. Elle a décidé de rester dans ce pays et de travailler sur la jeunesse activiste quelques mois, avant le début de la révolte populaire.
Le monde arabe n'est pas Daesh
Depuis qu'elle est toute petite, Pauline Beugnies a vécu parmi des jeunes d'origine métissée, ce qui l'a rapprochée de la population égyptienne. " J'ai passé mon enfance à Gilly et je suis allée à l'école communale de mon quartier, en discrimination positive. Plutôt que de m'enfoncer, cette expérience m'a ouvert l'esprit. Il y avait des gamins de partout, d'origine turque, portugaise, italienne ou marocaine. " Aujourd'hui, la photojournaliste consacre sa nouvelle exposition à son expérience au Caire. Cinq années après le début de cette révolution, elle offre un témoignage attachant, vécu au creux de l'action, d'une génération qui a choisi l'émancipation à la tyrannie du patriarcat. L'expo se compose de nombreuses photos prises sur le vif, ainsi que d'un grand mur composé d'images, d'affiches et de slogans, donnant l'impression au spectateur de se trouver en plein centre du Caire. "Aujourd'hui, il faut bien faire comprendre, à nos jeunes principalement issus de l'immigration et aux Belges, que le monde arabe n' a rien à voir avec Daesh, ou d'autres mouvements déviants. Il faut éviter les amalgames, et insister sur le fait que les aspirations à la liberté sont universelles ."
JEAN-CLAUDE HERIN
L'expo " Génération Tahrir" est à voir jusqu'au 22 mai 2016 au Musée de la Photographie à Mont-sur-Marchienne, 11, Avenue Paul Pastur à Mont-sur-Marchienne, du mardi au dimanche, de 10h à 18h, fermé les lundis. 071/ 43 58 10. www.museephoto.be - info@museephoto.be
Le clash générationnel
Pauline Beugnies est particulièrement attachée à cette photo. La photographe voulait à tout pris exprimer le clash générationnel qu'elle ressentait après le départ de Moubarak, l'ultime figure patriarcale. " Je faisais un travail sur les jeunes islamistes qui avaient quitté la confrérie des Frères musulmans à cause de leur orientation politique et de leur leaders vieillissants. Je me suis beaucoup intéressée au femmes aussi " signale-t-elle. " Je suivais régulièrement Sara, à gauche sur la photo, depuis quelques mois quand j'ai finalement assisté à cette scène. "
J.C HERIN