CHARLEROI- Grande parade et brûlage du corbeau
Dans la continuité des réjouissances carnavalesques, le public a vu défiler le cortège qui partait de l'Eden, samedi. La parade a attiré du monde, mais pas la toute grosse foule.
Emportant avec lui les idées noires des Carolos, le corbeau a brûlé, samedi soir, sur la place Vauban, dans le cadre d'une édition « allongée » du Carnaval, vu le changement du rythme scolaire de cette année. Après 4 ans d'arrêt, la grande parade effectuait son retour, en fin d'après-midi, au départ de l'Eden... mais sans les gilles. Ce qui fait débat.
C'est une tradition solidement ancrée depuis maintenant 8 ans. Le Carnaval de Charleroi se termine par le procès public et le brûlage du corbeau. Dans les entrailles de cet immense volatile se trouvent les fameuses idées noires, retranscrites sur des bouts de papier et récoltées en journée, qui se consumeront avec le Corbeau.
« Une fois encore, j'ai revêtu le costume d'un bouffon moderne, créé par Shana Ba Nana, et porté une immense perruque. Je présente les groupes qui arrivent sur la place Vauban » souligne le comédien carolo Jacky Druaux. « J'endosse le rôle du juge, aux côtés de l'échevine Babette Jandrain en procureuse du Croâââ et Antoine Vandenberghe, en avocat de la défonce. J'adore ce moment où j'ordonne que la sentence soit exécutée par les gardiens du feu ».
Les 3 personnages burlesques mènent le procès du corbeau jusqu'au bûcher. Après une danse rituelle par Charleroi danse, la mise a feu était effectuée par l'ex-sidérurgiste Luigi Spagnuolo, porte-parole du Comité de Défense du Haut-Fourneau 4. Tout un symbole
Le procès
Tout au long de la journée, les spectateurs étaient présents, mais on se serait attendu à voir plus de monde, surtout lors de la parade. Le public était d'ailleurs très clairsemé au Boulevard Jacques Bertrand, pour se concentrer un peu plus par la suite. Si la journée a été belle et ensoleillée dans l'ensemble, la bruine s'est invitée dans le cortège. De nombreux groupes carolos en faisaient partie : Les Sorcières du Pays Noir, Temps Danses Urbaines, Les Majorets, les Gais Lurons, La Maison du Conte de Charleroi, Les Têtes de l'Art,...
Parmi les 39 animations, on remarquait des installations très réussies ( bravo pour autant de créativité!) comme une rampe de skate mobile ou encore « La nuée » actionnée par des moteurs et des câbles tirés par la force des bras. « Nous avons privilégié les installations et les modules roulants » faisait remarquer Arnaud Baugnée, coordinateur de la communication à l'Eden. Des oiseaux noirs s'en échappaient, faisant penser au film : « Les Oiseaux» de Hitchcock. On doit cette création à Jonathan Van Iseghem de La Boite à Clous. Le char était à l'origine une boulangerie recyclée ! « Je suis un habitué de la Zinneke Parade » signalait le Bruxellois. « J'ai essayé d'insuffler cette ambiance un peu dingue à Charleroi ».
Pour rappel, c'est au coeur de la salle de spectacle de l'Eden que s'est construite la Grande Parade. our rappel, c'est au coeur de la salle de spectacle de l'Eden que s'est construite, pendant trois semaines, la Grande Parade. Les artistes n'ont pas ménagé leur créativité pour fabriquer chars, totems et autres costumes. « L'objectif de ce défilé est que chacun(e) puisse trouver sa place, quelles que soient ses origines et ses aptitudes mentales physiques et mentales » signale Fabrice Laurent, directeur de l'Eden.Le cortège est remonté ensuite en fanfare jusque la place Vauban.
JEAN-CLAUDE HERIN
Les Géants étaient de la partie !
Un Carnaval qui divise, cette année
La formule de cette édition du Carnaval en deux temps forts, - c'est à dire la sortie des sociétés de gilles, le mardi gras, et la parade et le brûlage du Corbeau différée d'une quinzaine jours -, est loin de faire l'unanimité.
Si Tristan Gilard des Gilles du Pays Noir (où se trouvait pour la première fois une fille parmi les gilles) considère que l'organisation était au top, par contre, d'autres voix s'élèvent : « Chaque partie (les Gilles et l'Eden) est perdante, bien sûr. Ma démarche n'est en loin de remettre de l'huile sur le feu. J'aime beaucoup ce qu'a amené l'Eden au carnaval. Je trouve juste dommage d'en arriver à a scinder au lieu de rassembler » explique Jérémie Parmentier, président de la société des Gilles des Récalcitrants. « On nous a laissé faire un cortège juste entre nous : ça, à la limite, ce n'est pas très très grave. Mais le rondeau final était un peu ridicule. Personne n'a géré quoi que soit et il faisait tout noir sur la place. Nous avions déjà fait notre deuil du feu d'artifice, mais un minimum d'animations lumineuses aurait été sympa ».
Notons aussi l'absence, cette année, de deux sociétés de gilles (La Jeunesse Commerçante et la Ville de Charleroi). La dissolution du Comité du Carnaval pose aussi question.
Une dynamique sera relancée
Fabrice Laurent, directeur de l'Eden, explique : « Parader un mardi avec école le lendemain (nous comptons beaucoup d'enfants dans le cortège) n'était pas envisageable. Nous avions proposé de déplacer l'ensemble pendant les congés. Après tout, des carnavals se tiennent chaque semaine, en cette période, mais les Gilles tiennent absolument au Mardi Gras. A priori, nous aimons les Gilles et le folklore traditionnel. Cela dit, je ne comprends pas pourquoi des personnes veulent nous monter les uns contre les autres ».
Babette Jandrain, échevine des Fêtes poursuit : « Les difficultés que nous avons rencontrées cette année en raison du changement du rythme scolaire ne se poseront plus, du moins l'année prochaine, puisque le mardi gras tombe dans les congés. Grâce à l'engagement de chacun, nous nous efforcerons de respecter les besoins de tous. Nous nous retrouverons après les dernières festivités carnavalesques pour relancer cette dynamique commune et positive et réévaluer la situation».
Terminons par une note positive. Dans cette formule « allongée », les plus optimistes verront l'opportunité de « faire durer le plaisir » plus longtemps !
JEAN-CLAUDE HERIN