CHARLEROI-Expo: "Putain de guerre" !
Scène atroce après un attentat en Afganistan
Et si les hommes ne tiraient aucune leçon des guerres passées? Centrée sur l'humain et les dégâts consécutifs aux conflits armés, "Putain de guerre" nous prend au tripes. Avec de nombreux artistes, dont le Carolo Michaël Matthys.
Le squelette: une œuvre de Léo Copers
"Putain de guerre": c'est avant tout une oeuvre du dessinateur Jacques Tardi, pour dénoncer les atrocités de la Grande guerre. Ce titre, volontairement choquant, le galeriste carolo Jacques Cerami l'a repris pour une exposition qui se tient actuellement au Musée des Beaux-Arts de Charleroi. " En partant de la bande dessinée, je voulais étendre le propos sur les conflits armés en général qui secouent la planète" note le commissaire de l'expo. " Les guerres actuelles en Irak, Syrie, Israël, Sierra Leone, ... sont tout aussi abominables, et les dommages collatéraux sur la population civile sont tout aussi ravageurs qu'il y a 100 ans." Dans son discours d'inauguration, l'échevine déléguée Françoise Daspremont a rappelé que cette expo est un "devoir de mémoire", s'inscrivant dans toute une série de commémorations sur la Guerre 14-18 . Coraly Aliboni, Conservatrice, a souligné les risques que prennent les reporters de guerre pour nous rapporter des photos, au péril de leur vie.
Michaël Matthys
Le choix de Jacques Cerami s'est porté sur une bonne quinzaine d' artistes belges et internationaux. Du côté belge, on notera la participation de trois artistes. Leo Copers a réalisé un squelette frappant une timbale. Le bruit fait penser à une marche militaire conduisant à la mort. Ronny Delrue est l'auteur de "Bombchildren". Des saints, abrités par des cloches en verre, ont été remplacés ici par des "enfants bombes". Le plasticien carolo Michaël Matthys s'est, quant à lui, inspiré de magazines satiriques publiés peu après la Grande Guerre. Dans une série de six tableaux, il représente des soldats morts au combat. " La terre et le sang se sont mêlés continuellement sur les champs de bataille. C'est pourquoi j'ai utilisé de la terre noire et brune, ainsi que du sang de boeuf. " fait-il remarquer. Côté international, Giorgos Moutafis avait fait le déplacement à Charleroi. Le photographe grec a pris un cliché d'un groupe de combattants rebelles de l'armée syrienne libre, au nord-ouest de la Syrie. Il raconte: " Ils devaient être une dizaine d'hommes et seulement trois d'entre eux étaient armés. Soudain, un soldat monta sur son cheval et, tenant son fusil, posa "fièrement" devant moi... " Des photos qui ne peuvent laisser indifférents... JCH
Giorgos Moutafis
L'expo se tient jusqu'au 13 décembre 2014, au Musée des Beaux-Arts de Charleroi. Infos: 071/86 11 36. www.charleroi-museum.be
Yves de Wasseige: réhabiliter le "Tir".
Parmi les visiteurs, présents au vernissage, vendredi soir, se trouvait le sénateur honoraire Yves De Wasseige. " Je me suis engagé en décembre 1944, et on m'a envoyé en Irlande " souligne-t-il. Si l'homme reconnaît ne pas avoir pris part directement aux combats, il tient à honorer la mémoire de tous les soldats tombés au front. Secrétaire de la section de Marcinelle des Anciens Combattants, il souhaite réhabiliter le "Tir" à Marcinelle, où ont été fusillés des Résistants par des Nazis. L'intention est de transformer les anciens bâtiments inoccupés en musée, qui accueillerait des expositions temporaires. " L'expo "Putain de guerre" fait penser à tous ces soldats qui ont lutté héroïquement pour que nous puissions recouvrer un jour la liberté" signale-t-il. JCH
La séance académique en présence de Françoise Daspremont et des artistes