Les artistes Eric Martin et Eric Gillard repoussent toujours plus loin les limites de leurs univers créatifs (et parfois délirants) jusqu'au 22 mai.

Un Zébr"Rhino Féroce 

Oui, on peut le dire ! Eric Martin, plasticien sculpteur, et Eric Gillard, galeriste au QG des Artistes et « photo-pornographe », sont aussi dingues l'un que l'autre : sur l'affiche de leur nouvelle expo, les deux zozos portent une sculpture cachant leurs parties intimes. Dans la salle du QG des Artistes, le premier continue d'explorer son univers fantasmagorique, sous le regard complice du second. Les identités des « Zébr'rhino-féroces », créatures étranges sorties tout droit de l'imagination débordante d'Eric Martin (avec un clin d'oeil au Sporting!), se mêlent avec ses visions sur Charleroi, « sa » Ville de coeur, source d'inspiration intarissable.

Passant aussi bien de l'animal à l'humain, de la peinture à la récup', de la terre au métal,... l'artiste carolo s'imprègne des techniques et des matières diverses. N'hésitant pas à bousculer les codes et à pratiquer un humour quelque peu irrévérencieux, Eric Martin est sans cesse en mouvement et en recherche. « Je conçois mes créations comme un hymne à la vie et à la biodiversité toujours très fragile. Oui, je délivre souvent un message écologique dans mes oeuvres » confie-t-il. Si les photographies sont teintées de rouge, c'est pour renforcer la passion et la fureur que le plasticien souhaite insuffler à ses sculptures. Les performances vidéo s'inscrivent aussi dans l'exploration de son univers imaginaire. Une autre expérience sera bientôt proposée : cette fois, c'est l'univers d'Eric Martin qui sera « acteur » de l'univers d'Eric Gillard. L'expo se visite jusqu'au 22 mai,  vendredi, samedi et mercredi de 12h à 18h, ou plus tard lors de vernissages/concerts, au QG des artistes, rue de Montigny, 31 à Charleroi. Infos : 0493/ 13 00 87.

JEAN-CLAUDE HERIN

photo Charly Persoons 

Dans l'esprit d'un cabaret burlesque, une stripteaseuse et ses 3 copines occupent la scène dans « Complexes ». Une création qui dénonce le sexisme ordinaire.

L’univers délirant de « Complexes », mêlant à la fois la danse, le chant, l'humour grinçant et la poésie, s’articule autour du personnage de Sandrine, pole danseuse et stripteaseuse dans un bar à l’atmosphère inquiétante et onirique.

«  Sandrine est un personnage imaginaire inspiré d’un mélange de personnes rencontrées : une amie d’enfance choisissant de travailler dans l’industrie du porno et une autre qui rêve d’être stripteaseuse en Australie et qui cristallise des situations vécues ou entendues » signale Amelia Colonnello, qui est à la fois à l’écriture, à la mise en scène et à l’interprétation. « Le pole dance est encore trop souvent confondu avec du striptease et catalogué comme travail du sexe. Le pratiquant moi-même, j’ai voulu partager cette discipline considérée comme « vulgaire » et montrer l’émotion qui peut s’en dégager. Je souhaite montrer et utiliser cette discipline sous un angle féministe ».

L’histoire fait évoluer le public dans l’inconscient de Sandrine à travers trois créatures psychédéliques qui se déploient autour d’elle, chacune représentant une facette enfouie de la mémoire de la stripteaseuse : Madame R, Madame Sexe et Madame Monsieur. Toutes de rouge vêtues, ces créatures lui font revivre des souvenirs d'enfance.

Jean-Michel Van den Eeyden a découvert ce projet de fin d’études en 2022 et a décidé de porter sa production. « J'ai directement été sensibilisé par les thèmes abordés, c'est-à-dire la difficulté d’allier féminisme et « féminité », ainsi que les violences faites aux femmes, qui vont du sexisme ordinaire au féminicide » signale le directeur de L'Ancre. « Complexes » est à voir jusqu'au 25 mai, au Théâtre de l'Ancre,122, rue de Montigny. Tarif plein : 17 euros. Pour public averti (plus de 16 ans). Infos et réservations au www.ancre.be 071 314 079 info@ancre.be

JEAN-CLAUDE HERIN

photo: J.C.Hérin