MARCINELLE- Bois du Cazier- 66 ans après le drame, l'émotion est toujours aussi vive
Ce lundi 8 août, un hommage était rendu sur le site du Cazier aux 262 mineurs décédés lors de la catastrophe de 1956. De nombreuses personnalités, familles de victimes et délégations belges et étrangères d'anciens mineurs prenaient part aux commémorations.
Vers 7h30, une camionnette arrive sur le parking du Bois du Cazier. A son bord, d'anciens mineurs de Heusden-Zolder, Eisden, Beringen, Waterschei et Winterslag. « J'ai travaillé à la mine de Heusden-Zolder jusqu'à sa fermeture » signalait Léon Thys. « Mes collègues et moi sommes venus pour rendre hommage aux mineurs décédés en 1956. Comme en Wallonie, la Flandre a aussi connu aussi des tragédies : il est important d'être solidaires ».
Léon Thys
5 minutes plus tard, des Français de Liévin les rejoignaient. « Le 27 décembre 1974, 90 mineurs ont pris leur poste, mais quelques jours plus tard, 42 d'entre eux ne reverront jamais le jour » déclarait un habitant du Pas-de-Calais.
Des Français de Liévin
Ce lundi, sur le site du Cazier, la cloche Maria Mater Orphanorum était frappée 262 fois à 8h10' précises.
Le nombre de tintements correspondait au nombre de victimes, dont le nom était cité pour la dernière fois par Marie-Antoinette Giglioti.
A l'appel de Jean-Louis Delaet, directeur du Bois du Cazier, le public était invité, ensuite, à aller s'asseoir pour écouter les textes et les discours officiels. Pier Forlano, consul général d'Italie à Charleroi, Alicia Monard, échevine des Associations patriotiques, Mahmut Dogru, échevin de l'Etat Civil et des Cimetières, Caroline Taquin, bourgmestre de Courcelles, Adrien Dolimont, ministre wallon du Budget et des Finances, Philippe Van Cauwenberghe, président du CPAS de Charleroi, Steven Vermeulen, échevin de la commune de Begijnendijk,... avaient pris place dans l'assistance.
Artem, mort en Ukraine, et les mineurs : des héros
Parmi les témoins de 1956, présents lors des commémorations, citons encore Urbano Ciacci, entouré pour l'occasion par des jeunes du projet « Belgio chiama... Italia ! ». Ce travailleur au Bois du Cazier a miraculeusement évité l'accident, étant parti se marier dans son pays natal à ce moment-là.
Urbano Ciacci , dernier survivant
Ou encore Loris Piccolo, orpheline de la catastrophe. « Je pense qu'en ce moment toutes les familles se souviennent de la tristesse, du désarroi de l'horreur et de l'inquiétude que l'on pouvait lire sur tous ces visages qui s'étaient amassés derrière les grilles fermées » soulignait-elle.
Loris Piccolo à gauche de l'échevine Alicia Monard
Un hommage pluriconvictionnel était également rendu par Daniel Procureur, doyen de Charleroi, le père Nikolaos pour le culte orthodoxe grec, Emmanuel Coulon pour l'Eglise protestante et Mohamed Rharib pour l'Exécutif des Musulmans.
A leurs côtés se trouvait Mychajlo Dymid, prêtre catholique ukrainien de rite byzantin, installé à Charleroi, père de Artem (27ans), tué le 18 juin dernier par un tir d’artillerie russe dans la région de Donetsk, entre les villes de Mikholaiv et Kherson. « La catastrophe du Cazier est une tragédie. La guerre menée actuellement en Ukraine en est une autre » a-t-il déclaré. « Mon fils est mort pour pour la liberté de l'Ukraine et de l’Europe. Parce que Artem vivait pour son prochain, il n'a pas hésité à combattre et à regarder la mort dans les yeux. En cela, je le considère comme un héros. Les mineurs en ont été d'autres. Il est important de saluer leur mémoire ».
Michel Dymid, père d'Artem et Daniel Procureur
La cérémonie au Cazier se poursuivait pas des dépôts de gerbes. La veille était inaugurée l'expo « Verso un 'umanizzazione responsabile del lavoro », rassemblant des oeuvres de 28 artistes italiens.
JEAN-CLAUDE HERIN