FONTAINE-L'EVEQUE/SOUVRET- Un laetare entre la joie du Carnaval retrouvé et l'émotion
Nicola Lorusso, tenancier du Bellino, avec Jean-Michel Brédat, ex-président des Amis Réunis
Tanel, Sacha, Alessio, et Pierre, 4 amis
Ce dimanche, le soleil a brillé généreusement sur Fontaine-l'Evêque et Souvret, à l'occasion du laetare. Si les coeurs étaient à la fête pour le retour des festivités après deux éditions annulées pour cause de Covid, la tristesse était aussi de mise, après la tragédie de Strépy.
Malgré le décalage horaire (1 heure de sommeil en moins !), le café « Bellino » sur la place de Fontaine-l'Evêque était déjà bien rempli, ce dimanche, à 9 heures du matin. La tradition veut en effet que les gilles des Amis Réunis remettent directement les médailles dans leur local, ce qui explique cette affluence.
« Ca me fait plaisir de revoir du monde ! Le laetare a manqué à tous les Fontainois ! » faisait remarquer Nicola Lorusso, tenancier. Bon client du Bellino et ex-président pendant 17 ans de cette société, Jean-Michel Brédat (58 ans) signalait même : « Je reverrai des visages que je n'ai plus vus depuis deux ans ». En matinée, les gilles se rassemblaient sur la place, avant d'être reçus par les autorités communales.
Particularité : constituée principalement de femmes, la société des « Blancs Chapeaux » y faisait son retour... après avoir été seulement créée en 2018 ! « Le confinement nous a fait rapidement oublier. A présent, nous sommes fières de montrer que nous existons toujours » faisait remarquer une des membres.
Les autorités communales de Fontaine-L'Evêque réunies
"Une Blanc Chapeau"
présence des « Laids tarés » !
A Souvret, la remise de médailles s'effectuait dans la salle paroissiale, en présence des Joyeux Gilles, des Bons Vivants, des Amis Souvrétois, des Infatigables, des Vrais Amis et des Barons Vadrouilles, un groupe philanthropique. Nino Di Marco, un Souvrétois de souche, a reçu celle des 40 ans de participation aux gilles « Les Bons Vivants ».
Thibaut Potigny et son père Marc-: 30 ans de gille
« Etre gille se transmet de père en fils. Mon père Terzo endossait déjà le costume ! » fait remarquer l'heureux médaillé. Pour célébrer ce bel anniversaire, son fils Julian (22 ans) lui a fait une surprise : il a revêtu pour la première fois l'habit de gille. « Curieusement, je n'ai jamais été gille, car je me suis mis à pleurer quand j'ai fait le gille à l'âge de 18 mois » raconte ce dernier.
Signalons que c'est toujours Yvon, le père de l'échevin du Folklore, Joël Hasselin, qui détient le record avec 70 années de participation ! A côté des sociétés de gilles, les « Laids Tarés » mettaient une sacrée ambiance. Il s'agit d'un groupe de fans de Carnaval (principalement des femmes), qui confectionnent des écharpes et décorent leurs chapeaux de fleurs. Parmi les membres, Isabelle Maistriaux, habitante de Souvret, se rappelle que Désiré Delforge, son arrière-grand-père faisait le gille... en 1914 !
Désiré Delforge
La journée s'est poursuivie par le rondeau (environ 150 gilles) à la place Lagneaux et par le cortège.
Terzo ( 40 ans de gille ) et son fils Terzo
JEAN-CLAUDE HERIN
L'accident de Strepy-Bracquegnies encore bien dans les esprits
Michel Siciliano, échevin de la Culture de Fontaine-l'Evêque, au côté de la bannière
1 minute de silence à Souvret. Les visages sont tirés.
Une semaine, jour pour jour, après le terrible accident qui a fauché plusieurs vies à Strépy-Bracquegnies en plein coeur du Carnaval, l'émotion était vive lors de cette journée de laetare.
A Fontaine-l'Evêque, le Collège communal a décidé de fabriquer une bâche. « Pour ne pas tomber dans la sinistrose, nous avons représenté Strépy en forme de coeur, pour montrer tout notre attachement à cette commune endeuillée. Par contre, l'image représentant les groupes folkloriques à Fontaine est un peu dans la brume , pour marquer notre tristesse » signale Michel Siciliano, échevin de la Culture.
A Souvret, 1 minute de silence a été respectée lors du rondeau, sur la place Lagneaux.
« Je suis très touchée par cette tragédie » poursuit Caroline Taquin, bourgmestre de Courcelles. « C'est aussi le folklore qui est touché en plein coeur. Je suis moi-même femme de gille, et je sais à quel point chaque jour est rythmé par la préparation de ces festivités. Par solidarité, plusieurs de nos gilles portent les costumes de Crocefissa Fifa Ricotta, la couturière de Locagilles à La Louvière, qui a heureusement survécu à cet accident ». Aucune mesure particulière n'a été prise pour renforcer la sécurité.
J.C.HERIN