Suite aux attaques terroristes à Paris, le Centre d'Action Laïque de Charleroi expose,  dans ses locaux, plusieurs couvertures du journal satirique " Charlie Hebdo". Le vernissage s'est tenu sous haute surveillance.

Le jeune public s'est aussi rendu à l'expo

Vendredi soir, la sécurité avait été renforcée aux abords de la Maison de la Laïcité,  à la rue de France.  2 policiers en civil et 6 en uniforme surveillaient les lieux.  "Dans le climat extrêmement tendu que nous connaissons depuis mercredi, il vaut mieux ne prendre aucun risque" déclarait l'un d'eux.  La raison de ce dispositif particulier est liée à une expo montée en urgence  par le  Centre d'Action Laïque,  regroupant 23 unes du journal "Charlie Hebdo". " Ce nombre représente les tués et les blessés dénombrés à Paris  lors de l'attentat dans les bureaux du journal" explique Kevin Saladé.  A l'occasion des bons voeux traditionnels,  le président de la Maison de la Laïcité a tenu  à associer le Centre d'Action Laïque aux douloureux événements.  "Nous qui défendons toujours  le  droit à la libre expression et à l'irrévérence , il était impossible de rester indifférents face à cette "mise à mort" de la démocratie" note-t-il. " La montée de tous les extrémismes est de plus en plus palpable.  La vigilance est de mise".  Dans le public, certaines personnes arboraient un triangle rouge, que devaient porter les condamnés d'opinion dans les camps de concentration,  au cours de la seconde guerre mondiale.

 Charb, un des plus embématiques

Plus d'un millier de couvertures de Charlie Hebdo avaient déjà  fait l'objet  d'un don  à la Maison de la Laïcité (  qui en a déjà utilisé lors d'expos précédentes) .  " Ici, la sélection des affiches s'est surtout faite en rapport  avec la  liberté religieuse.  On y voit,  par exemple,  un imam en chaise roulante,   poussé par un Juif:  un clin d'oeil au film " Intouchables " note Adrien Sacchi. " J'ai commencé avec mon père ( N.D.L.R. Michaël, directeur du Rockerill ), une anthologie du dessin de presse. Cela a commencé  avec le journal Hara-Kiri, précurseur de Charlie Hebdo.  Mes études en communication à la Haute Ecole Condorcet m'ont aussi sensibilisé sur le sujet. Pour moi, l'auteur le plus emblématique et un des  plus impliqués  est Charb.   Avec des personnages facilement identifiables ( teint jaune, pilosité abondante, dents de vampires, regard un peu niais,... ),  ce dessinateur vise toujours juste!"  L'exposition sera visible encore pour le grand public  pendant deux semaines, en semaine,  de 9h à 17h.   Des animations sont prévues pour les écoles. Pour toute info: 071/53 91 71. JCH

Kevin Saladé

Adrien Sacchi a choisi les affiches

Tuer Wolinski, c'est tuer l'humour...

Les réactions étaient vives parmi le public.  " Les attentats de Paris sont vraiment la négation de tout.  Ce n'est pas un problème de religion, mais de société.  Le malaise se fait de plus en plus sentir auprès d'une jeunesse désoeuvrée,  sans repère, qui n'a plus le sens de la contradiction, et  prête à  se sacrifier pour un soi-disant idéal.  "  notait Gennaro Luise ( 58 ans )  de Forchies-la-Marche. " Tuer Wolinski, c'est aussi tuer l'humour.  A plus de  80 ans,  il s'était foutu de la gueule de tous ceux qui représentaient l'autorité. C'était un maître pour moi ! J'appréciais aussi beaucoup Cavanna, et son sens de l'(auto) dérision.  Italien tout comme lui,  je rigolais de ses vannes!"  Guy Baudot, administrateur du CAL: " Que des gens puissent perdre leur vie pour leurs convictions dépasse vraiment tout entendement " .  Les jeunes avaient tenu aussi à être présents.  Maxime  ( 26 ans) de Charleroi est venu avec des copains et copines  pour manifester leur indignation. " Quoi de plus beau que la mixité culturelle! " s'exclamait  le jeune homme . "Nous ne comprenons pas du tout  ce qui peut pousser des hommes à commettre des actes d'une telle barbarie".