Animée par une réelle démarche altruiste, Claire Mathy, maman de l'échevin des Travaux carolo Eric Goffart, avait déjà publié "Dernière pelletée" ( 2009) et "Une cerise pour la Veuve Marigot" ( 2013) , où elle traitait, entre autres, de la mort et de l'intergénérationnel. Dans "Une peau à soi", l'auteure s'immerge dans le milieu des grands brûlés et des sourds et malentendants.
Tout récemment, cette habitante de Gilly, à la plume confirmée et très élégante, a sorti: " Une peau à soi". Ses personnages, elle les a puisés tant dans sa vie privée que professionnelle. Claire a travaillé comme infirmière, notamment à l'IMTR, rebaptisé dans le livre " la Clinique du Lac". En 1978, elle recueillait les grands brûlés belges du camping "Los Alfaques" en Espagne. Une expérience qui l'a profondément marquée.
Le héros du livre, Maximilien ( 17 ans), lui a été inspiré d'un enfant brûlé rencontré lors d'animations de lectures vivantes. L'adolescent souffre de graves brûlures à la face, à la poitrine et au bras. La souffrance est insupportable. Pour pallier les douleurs atroces, les "brûlologues" le plongent dans un coma artificiel...
Perfectionniste, quand il s'agit par exemple de décrire un traitement ou un état psychologique, Claire Mathy a mis 4 ans pour réaliser le roman. En 2014, elle reprenait des cours à Louvain-la- Neuve pour être au fait de l'actualité dans le domaine médical.
A la problématique des grands brûlés s'ajoute celle des sourds et malentendants. " Dans ces deux catégories, la souffrance est intense, même s'il s'agit d'une souffrance plus physique et visible pour les premiers, et davantage morale et invisible pour les autres" souligne-t-elle.
Voici deux extraits du livre:
( p.31) "Selon l'anesthésiste, l'adolescent vivait pour le moment un gros orage intérieur. Les infirmières suivraient les moindres changements de son état durant les deux ou trois jours de choc inflammatoire et veilleraient, minute après minute, aux déficiences. Bien entendu elles pallieraient aux difficultés, mais resteraient dans les limites de l'urgence: il était hors de question de défier ce corps poly-agressé"
( p.92) " Maximilien craignait les bonshommes verts venus le chercher dans son antre. Il se sentait fatigué. Fatigué de sa peur. Plus il devinait la présence des bonshommes verts, plus il se cachait dans la carapace de son équipement sportif".
Les revenus d''Une peau à soi" profiteront à l'asbl " Pinocchio" destinée aux enfants et adolescents grands brûlés et à l'asbl " Ecole et surdité" dédiée aux classes bilingues inclusives, français/langue des signes, de Sainte-Marie à Namur. J.C.HERIN
222 pages. Maison d'édition: Memory. Prix: 20 euros. Disponible en librairies, ainsi que via l'adresse www.editionsmemory.be