Descente en enfer à Charleroi. Dans « Putain de Pays Noir », l’auteure carolo Carine-Laure Desguin s’immerge dans un milieu sulfureux.
Carine-Laure Desguin aime écouter les gens. Cette préoccupation sociale et un sentiment d’empathie, qui en découle, ont poussé cette ex-infirmière à domicile et actuellement veilleuse de nuit à la maison de repos « La Tramontane » à Marcinelle, à passer, voici quelques années, des nuits quasi entières à la Ville Haute. Seule dans sa voiture, à l’abri des regards, Carine-Laure a observé quelques scènes très chaudes. « Ce monde de la nuit peut être vraiment impitoyable ! Coups, règlements de compte entre dealers, disputes conjugales,… sont monnaie courante » s’exclame-t-elle.
Pour être encore au plus près du terrain, Carine-Laure a accompagné, dans ses pérégrinations, diurnes cette fois, l’artiste et ex-SDF Piet Vandenhende. « Ensemble, nous avons rencontré des sans-abri sur le pont Baudouin, et j’ai mieux compris les problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés » poursuit-elle.
des mots crus, reflet de la réalité
Toutes les observations de Carine-Laure Desguin ont nourri l’intrigue de « Putain de Pays Noir » : un soir où il est complètement défoncé, Jérémy, un jeune toxicomane, frappe violemment son père.
Au cours de sa cavale, ce dernier fait la connaissance d’Angel, une autre droguée. S’ensuit alors pour ces jeunes gens et d’autres un parcours atypique dans les rues de Charleroi…« Certains mots, très crus, ou situations peuvent heurter le lecteur. Ils sont pourtant le reflet de la réalité » avertit-elle. Particularité du récit ? C’est une nouvelle de 5000 mots, parue dans la collection « Opuscule » (Editions Lamiroy).
L’auteure termine une version plus longue, qui devrait paraître sous forme de roman à la fin de l’année. Co-organisatrice du salon littéraire à la bibliothèque M. Yourcenar, Carine-Laure Desguin, née en 1963 à Binche, et habitant aujourd’hui le Centre-Ville de Charleroi ( rue de la Science), a commis pas de choses en littérature (romans, théâtre, poésie,…). Le déclic de cette passion pour la littérature ? « Bonjour, tristesse » de F.Sagan, qu’elle a lu alors qu’elle était préadolescente. Dans son palmarès, quelques prix dont le Prix Pierre Nothomb. Ses textes poétiques se lisent dans de nombreuses revues ou sur http://carineldesguin.canalblog.com . « Putain de Pays Noir ». 4 €. Editions Lamiroy. www.opuscule.be- www.lamiroy.be
JCH
« Le Transfert » : du réel au virtuel
Carine-Laure Desguin vient de publier également « Le Transfert ». Cette pièce de théâtre en trois actes raconte une histoire décalée et absurde à gogo. Un hôpital. Deux lits, deux patients et un clown. Les dossiers médicaux d’un hôpital se perdent dans les poubelles des ordinateurs et les patients passent sous le statut d’inexistants ! Un patient abordé ne rit pas devant le clown et il persiste. C’est sa maladie de ne pas rire, lui apprend le clown. « Le Transfert » met en scène un moment de bascule qui, dans un système totalitaire donné, fait verser des êtres humains du réel vers le virtuel. Le rire fuse d’une réplique, d’un malentendu : on est dans l’absurde. Prix : 15,70 €. Aux Editions Chloé des Lys.J.C.HERIN