HISTOIRE LOCALE: Georges Gay, auteur de "La Bataille de Charleroi-Août 1917" et résistant
Georges Gay en 1930
Georges Gay à gauche avec un officier français
Une rue de Gosselies porte son nom. Ecrivain sur la 1ère guerre mondiale dans la région de Charleroi et ancien professeur au Collège du Sacré-Coeur, Georges Gay s'est illustré par ses actes de bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été exécuté en 1943, à la prison de Cologne. Ses biens seront exposés bientôt dans le nouvel Espace "Résistance" au Musée Mémorial Charleroi, grâce à Pierre Arcq et à ses sœurs Annelise et Isabelle, petits-neveux de Marie-Jeanne Gay.
JEAN-CLAUDE HERIN
" Marie-Jeanne Gay, l'unique fille de Georges, habitait à quelques maisons de la nôtre, à la rue Anseele. Nous gardons d'elle l'image d'une amie, d'une enseignante dévouée et exigeante, et d'une grande artiste, qui nous a laissé quelques beaux tableaux" signale Pierre Arcq.
Marie-Jeanne Gay
Depuis le décès de sa voisine, en mars 2024, l'historien local est un des légataires officiels de Georges Gay. A ce titre, le Jumétois a reçu bon nombre de documents, d'archives, d'uniformes, ainsi que des épées de cavalerie, boucles de ceinturons, épaulettes, casques,... "
Pierre Arcq, co-légataire de la collection de Georges Gay - photo J.C.Hérin
Tous ces objets ayant appartenu à Georges Gay viendront compléter la collection du Musée Mémorial à Charleroi. Ils donneront aussi de précieux renseignements sur les conditions de vie pendant les deux guerres mondiales" fait remarquer l'ex-trésorier des "Amis de la Madeleine". Georges Gay naît le 6 août 1895 à Gosselies. En septembre 1907, il commence ses études au Collège des Jésuites à Charleroi. En 1915, il est instituteur à Wayaux (Les Bons Villers). En 1916, il fréquente le Cercle d’Etudes d'Élie Baussart, homme de lettres et syndicaliste de la gauche chrétienne, et qu’il appelle « son maître ». En 1919, il fait son service militaire et visite des champs de bataille. En 1920, il entre comme professeur au Collège des Jésuites à Charleroi.
Georges Gay et ses élèves au Collège du Sacré-Coeur
La Légion d'Honneur en 1939
En août 1934, Georges Gay écrit le texte sur « La bataille de Charleroi » de la plaquette-souvenir éditée à l’occasion du 20e anniversaire de la bataille, avant de recevoir en 1935, les Palmes d’Officier d’Académie, octroyées par le Ministère français de l’éducation nationale pour ses « travaux d’histoire et sa collaboration à plusieurs revues du Ministère de la Guerre ». En mars 1937, parait son ouvrage: « La bataille de Charleroi- Août 1914 » aux éditions Payot. En 1939, Georges reçoit la Légion d’honneur. De 1940 à 1942, il fait partie du Groupe Zero de la Résistance. Précisons qu'en 1940, il devient, avec Henry Belyn et Adolphe Rennoir, deux autres habitants de Gosselies, un membre de l'Intelligence Service. Les événements vont prendre une mauvaise tournure quand un agent secret s'introduit dans le Groupe Zéro, et dénonce les membres de l'Organisation. Les trois hommes sont arrêtés le 30 juillet 42. Le 11 juillet 43, ils seront jugés, condamnés à mort, et décapités le 15 octobre par leurs tortionnaires allemands. En mars 1947, le corps de Georges Gay sera exhumé puis rapatrié à Gosselies. Depuis lors, de nombreux hommages lui sont rendus, ainsi qu'aux deux autres résistants, comme en témoigne une cérémonie du Souvenir célébrée au Centre Civique de Gosselies, 75 ans après leur condamnation.
Georges Gay, soldat en 1920
Un manque de place pour tout exposer
Depuis peu, le musée Mémorial Charleroi " Prix de la Liberté ", qui a été le lieu de garnison de 1880 à 1970 des 1ers et 2èmes Régiments des Chasseurs à pied, s'est doté d'un espace " Résistance". " Ce lieu rend avant tout un hommage vibrant à ceux qui ont risqué leur vie pour défendre les valeurs démocratiques. C'est en cela que nous ne sommes pas du tout militaristes, contrairement à ce que certains pourraient penser » note Bernard Chevalier, conservateur du musée. " Nous recevons de plus en plus de pièces, dont celles prochainement appartenant à Georges Gay. Mais aujourd'hui, nous manquons de place pour tout exposer. Nous souhaitons donc une extension ( peut-être dans le porche?). Le bourgmestre de Charleroi Thomas Dermine et l'échevin du Patrimoine Maxime Felon ont bien compris le problème et essaient de trouver une solution". L'espace rassemble des témoignages, des photos, des objets et des documents qui racontent l'histoire de ces Combattants de l'ombre. Parmi eux, le major Alfred Servais, l'aumônier Alphonse Bougard, le commissaire de police François Druine, le lieutenant Louis Tholomé, et bien d'autres encore qui sont identifiés dans les cadres présentés en fonction de leur zone ou refuge de résistants.
Veste tamboureur
Couvre-chefs de la 1ère guerre mondiale exposés au Musée Mémorial de Charleroi - photo: J.C.Hérin
rappel d'une liberté jamais acquise
Dans la vitrine 40-45, le public pourra voir les Unités militaires belges et alliées qui ont contribué à la libération de la Belgique, entre autres les uniformes de Bataillons de Fusiliers (4ème, 5ème, 10ème, 12ème) formés dans la caserne Trésignies, dont les volontaires sont issus pour la plupart de la Résistance. Ajoutons aussi la Brigade Piron et les Unités US. « En parcourant l'exposition, chacun d'entre nous ressentira l'importance de la Résistance et l'impact qu'elle a eu sur notre Histoire. Que ce lieu soit une source d'inspiration pour les générations futures et un rappel constant que la liberté n'est jamais acquise et qu'il faut toujours la défendre », poursuit Philippe Vanderstraeten, président de l'Amicale Nationale des Chasseurs à Pied. Le Musée Mémorial de Charleroi se trouve à l'Avenue Général Michel 1B à Charleroi. Visites tous les samedis de 10h à 13h.
J.C.HERIN
Georges Gay a occupé cette maison, à la chaussée de Nivelles - photo: J.C.Hérin