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TONY PANA: "J'ai fait Saint-Jacques de Compostelle en 2 mois et 1/2

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Au cours du festival « Destination aventures »,  qui s’est tenu ce week-end au Passage de la Bourse et à l’Auberge de Jeunesse,  à l’initiative de l’ASBL Carolodyssée, le cinéaste carolo Antoine Panagiotopoulos (Tony Pana) a raconté son périple de Montigny-le-Tilleul à Saint-Jacques de Compostelle.  Un pèlerinage ? Pas tout à fait… Rencontre.

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Entre la réalisation de films et cette aventure jusque Saint-Jacques, vous avez fait un peu le grand écart…

A.P. Oui, j’avais véritablement besoin de me mettre en mode pause.      Durant deux années, je me suis investi énormément dans la réalisation    de « AB Négatifs » (qui raconte l’infection de groupes humains par un virus : c’est assez d’actualité, ces temps-ci !), et j’avais envie de vivre une tout autre expérience, qui ne soit pas de l’ordre de la fiction mais bien de la réalité.      

J’avais retrouvé un vieux calepin qui parlait de pèlerinage à Compostelle.  Et je me suis dit : Pourquoi pas moi ? J’ai mis deux mois et 9 jours pour atteindre mon objectif.  J’ai fait le trajet à pied,  et un peu à vélo. Cela dit, j’avais un peu mésestimé l’ampleur d’un tel périple : j’ai dormi dans  une tente beaucoup trop petite et pas étanche, j’avais trop de poids dans mon sac, l’itinéraire que j’avais tracé n’était pas toujours le bon,…

Cette aventure était-elle un « acte de foi » ?

A.P.  J’ai souvent répété que le pèlerinage de Compostelle n’était pour moi qu’un prétexte pour prendre la route.  Etant athée (mais j’aime me nourrir de la spiritualité des autres),  je ne suis pas parti dans la perspective d’un pèlerinage religieux, mais plutôt social. Cela dit, comme tout pèlerin, j’ai reçu une « credencial » (carnet du pèlerin) et j’étais fier de la faire tamponner à chaque étape. Un peu partout, j’ai été frappé par l’hospitalité des gens que je rencontrais. Selon le principe des « donativos » (dons), j’étais hébergé pour une somme modique. Et quand je laissais un peu d’argent, on m’en rendait souvent une partie…

Vous avez confronté aux Gilets Jaunes et au Covid…

A.P.  Exact. A la mi-janvier, j’ai pu éviter une grosse manif des Gilets Jaunes à Paris. A ce moment-là, on parlait déjà du Covid-19, mais sans que ça ne vire à la pandémie. Par contre, j’ai vu la progression du virus.  Quand je suis arrivé à l’église de Saint-Jacques de Compostelle, à la mi-mars (l’Espagne a été et reste très touché par le Coronavirus),  je pensais être accueilli avec beaucoup de chaleur humaine,… mais c’était plutôt avec du gel hydro-alcoolique !

Que vous a apporté une telle expérience ?

A.P.  Elle m’a appris énormément sur moi-même,  autant sur mes forces que sur mes faiblesses. En ce qui concerne ces dernières, j’ai réalisé à quel point je suis conditionné à systématiquement me replonger dans le confort, quel qu’en soit le niveau. Toutes les raisons sont bonnes pour choisir une situation plus favorable dès qu’elle se présente, alors que l’objectif premier de ce projet était de se dépasser.

Pourquoi dormir dans mon sarcophage de tente alors qu’une nuit au chaud en auberge ne coute que dix euros ? Ce genre de réflexion logique, j’en ai la conviction, est l’ennemie de l’aventure !

Mon but était d’apprendre à s’en sortir sans les facilités. J’ai notamment pu constater, avec une certaine fierté, que la douleur n’était pas un obstacle pour moi. J’en ai bavé, surtout avec mes genoux, mais jamais l’idée de faire marche arrière ne m’a traversée l’esprit.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

A.P. : Je suis content d’avoir retrouvé mes proches. Des mois après mon retour, je  constate avec joie que le souvenir de mon voyage ressemble bien à ma vision initiale. Sauf qu’à présent, je sais ce qu’il en coûte.  Une conclusion: pour transformer une vision en souvenir, il faut en payer le prix. Mais c’est possible, et c’est tout ce qui compte.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-CLAUDE HERIN

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